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Monde-Haïti-Rép. Dominicaine : La nécessité d’une harmonisation officielle

Par Edwin Paraison *

Soumis à AlterPresse le 19 septembre 2013

« État de la migration dans le monde 2013 : le bien-être des migrants et le développement », tel est le titre du dernier rapport de l’Organisation Internationale pour les migrations (Oim) sur le phénomène mondial de la mobilité humaine.

À ce sujet, on sait que quelque 214 millions, équivalant à 3.1% de la population mondiale, tel est le nombre des migrants sur la planète.

Ainsi, pour chaque 33 personnes dans le monde, l’une est-elle une migrante, selon les données officielles de l’organisme.

Le rapport se résume à 5 grands chapitres.

Le premier place les immigrants au centre du débat. De là, l’intérêt de souligner leurs expériences de vie dans les pays d’accueil.

Le second concerne le bien-être humain dans le cadre du développement lié aux migrations.

Le troisième met en évidence les nouvelles ampleurs de la migration, particulièrement les mouvements entre pays a revenus élevés.

Enfin, les deux derniers chapitres font observer, d’une part, le rôle de la migration dans le développement humain soulignant que beaucoup de migrants n’ont pas atteint un bien-être satisfaisant. D’autre part, il est proposé l’élaboration d’un baromètre mondial du bien-être des migrants pour l’année 2015.

Il convient d’observer que l’Oim, avec les limitations de vision de son bureau local, est le principal conseiller du gouvernement dominicain en matière migratoire. Entre autres, ses tâches sont de : « favoriser la compréhension des questions migratoires et veiller au respect de la dignité humaine et au bien-être des migrants ».

Cependant, une intense campagne de rejet et de haine des migrants Haïtiens s’intensifie jour après jour en République dominicaine sans que les voix autorisées n’assument leur rôle pour instruire l’opinion publique en ce qui concerne l’utilisation indispensable des travailleurs Haïtiens dans les domaines névralgiques de la production et de l’économie nationales.

Le rapport mentionné ci-dessus devrait être lu par les intellectuels dominicains, qui mènent actuellement la croisade anti-haïtienne, pour se rendre compte que leur argumentation contre la migration haïtienne manque totalement d’assises académiques face aux principaux axes et courants migratoires internationaux.

En ce sens, le rapport signale un accroissement des migrations entre les pays du Nord.

C’est-à-dire des flux de personnes qui sortent d’un pays à revenus élevés vers un autre de mêmes conditions, cela dû à des facteurs spécifiques qu’expliquent dans chaque cas ces dits mouvements régionaux.

Tel est le cas de l’axe Nord-Nord. Les principaux courants vont de l’Allemagne vers les États-Unis, du Royaume Uni vers l’Australie et du Canada, de la République de Corée comme du Royaume Uni vers les États-Unis.

Dans l’axe Sud-Sud, les flux vont de l’Ukraine vers la Fédération de Russie et vice-versa. De même, du Bangladesh vers le Bhoutan et du Khazastan vers la Fédération de Russie et l’Afghanistan.

Tandis que dans l’axe Sud-Nord, les plus importants mouvements sont enregistrés du Mexique vers les États-Unis, de la Turquie vers l’Allemagne et de la Chine, des Philippines et de l’Inde vers les États-Unis.

Des pays du Nord vers le Sud, il y a une circulation significative de migrants des États-Unis à destination du Mexique et de l’Afrique du sud. De même de l’Allemagne vers la Turquie, du Portugal vers le Brésil et de l’Italie vers l’Argentine.

Les mouvements migratoires dans et depuis l’île de Quisqueya n’ont pas été décrits de façon particulière dans le rapport. Toutefois, on estime qu’environ deux millions de Dominicains vivent en dehors de leur territoire. Près de quatre millions dans le cas des Haïtiens.

Par ailleurs, les études effectués par les banques mondiale et interaméricaine de développement (Bid) et d’autres organismes placent les deux pays parmi les principales destinations de transferts d’ argent. En prenant en considération les Haïtiens, qui envoient de la République Dominicaine, et les Dominicains, qui font de même depuis Haïti.

Or, la République Dominicaine, entre autres motifs, pour avoir stimulé la migration haïtienne pendant des décades, est aujourd’hui un des plus grands receveurs d’ immigrants de la zone.

Tout d’abord, dans la coupe de la canne à sucre, pour laquelle est délivré, par la Présidence, un permis spécial permettant l’usage majoritaire de la main d’œuvre haïtienne, en dehors de l’obligation du code du travail qui stipule que 80% des travailleurs doivent être des nationaux contre 20% d’ étrangers. Plus tard, de façon intensive dans les grands travaux de construction.

C’est une réalité, qui pose une série de défis sur la base d’une vision moderne de l’immigration.

À cause de son statut de membre de l’Oim, le plus urgent pour la République Dominicaine est de résoudre ses contradictions actuelles par une harmonisation entre ses engagements et ses intérêts internationaux avec le traitement local de la question migratoire haïtienne.

Traduction/edition FZ-Canada

* Directeur exécutif de la Fondation Zile