P-au-P, 20 sept. 2013 [AlterPresse] --- Le gouvernement « met tout en œuvre pour protéger les narcotrafiquants proches du pouvoir » notamment en ce qui concerne le dossier de drogue impliquant un ami proche du président, Evinx Daniel, avance le Réseau national de défense des droits humains (Rnddh) dans un rapport publié le 19 septembre 2013 et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Le Rnddh et la Coordination sud de défense des droits humains (Csddh) se disent « scandalisés par le comportement affiché par le pouvoir politique en place dans l’affaire (de drogue) impliquant un ami personnel du chef de l’Etat, Michel Joseph Martelly, en l’occurrence, Evinx Daniel, dénoncé par la clameur publique comme étant un grand baron de la drogue dans le département du Sud ».
Daniel Evinx a été arrêté le jeudi 12 septembre 2013 par le commissaire du gouvernement près le tribunal civil des Cayes (Sud), Jean-Marie Salomon - qui lui aurait reproché son implication présumée dans le trafic des stupéfiants.
Le détenu n’a passé qu’une nuit derrière les barreaux, avant d’être relâché par le juge d’instruction Josias Jean Pierre, sans aucune charge.
Quant à Salomon, il a été, dans un premier temps, mis en disponibilité, puis remplacé par Joseph Joubert Amazan. D’autres informations laisseraient entendre que le commissaire du gouvernement garde toujours sa fonction.
L’affaire Evinx Daniel doit interpeller la conscience nationale sur les rapports des autorités politiques et judiciaires avec le secteur mafieux, estiment le Rnddh et la Csddh invitant les autorités concernées à ouvrir une enquête judiciaire autour de ce dossier de drogue.
Ils appellent les autorités compétentes à confier l’affaire à un magistrat indépendant pour que toute la lumière soit faite autour de ce dossier et procéder à l’arrestation de tous ceux qui sont impliqués dans le trafic illicite de stupéfiants en Haïti, notamment dans le département du Sud, ce, quelles que soient leurs accointances politiques.
Les autorités étatiques doivent débarrasser toutes les institutions publiques et politiques des narcotrafiquants et de tous ceux soupçonnés d’être impliqués dans le trafic de la drogue, recommandent le Rnddh et la Csddh appelant à combattre effectivement le trafic de stupéfiants sur le territoire national, le blanchiment des avoirs et la corruption qui gangrènent le pays.
Retour sur les faits
Plusieurs personnes, dont l’ancien délégué des Cayes, Gabriel Fortuné, aurait affirmé à Rnddh qu’Evinx Daniel a été récupérer en mer une cargaison de drogue.
Le bateau transportant les stupéfiants a eu une panne de carburant et l’affaire qui s’est ébruitée dans la région a forcé Daniel à prendre alors les devants pour simuler une action de bon samaritain en remettant la drogue aux autorités, explique Fortuné au Réseau.
Qui peut confirmer que la quantité de drogue remise est effectivement celle récupérée par quelqu’un décrié par la clameur publique comme étant impliqué dans le trafic illicite de stupéfiants ?, s’interroge le Rnddh.
Le Rnddh et la Csddh critiquent « l’intervention publique de la Police nationale d’Haïti (Pnh) qui, par le biais de son porte-parole (Gary Desrosiers), s’est arrogé le droit de questionner une arrestation réalisée par la justice, l’institution dont elle est réputée l’auxiliaire, s’impliquant, ce faisant, dans la politique active ».
Desrosiers aurait désapprouvé l’arrestation de l’homme d’affaires Daniel Evinx.
Le jeudi 19 septembre 2013, les avocats André Michel et Newton St Juste ont sommé l’ancien général et président de la république Prosper Avril concernant les raisons du renvoi, de l’actuel ministre de la justice, Jean Renel Sanon, des Forces armées d’Haïti (Fad’h), touchant le trafic de drogue.
Le ministre de la justice serait intervenu, en mai 2012 et en septembre 2013, pour obtenir la libération de « deux trafiquants de drogue notoires », un dénommé Sonson ainsi que Daniel Evinx aux Cayes, d’après Mes. St-Juste et Michel. [emb kft gp apr 20/09/2013 10 : 50]