Par Edwin Paraison*
Soumis à AlterPresse le 12 septembre 2013
La thématique haïtienne est, sans aucun doute, l’une des récurrences d’intérêt médiatique majeur en République dominicaine. Dans la presse écrite, quelques journalistes se sont spécialisés dans son traitement. D’abord, par volonté professionnelle et civique d’offrir une information objective et de contribuer au rapprochement entre Haïtiens et Dominicains. Puis, par aspiration intellectuelle de mieux connaître chaque jour l’idiosyncrasie haïtienne.
On se souviendra toujours de Leo Reyes - qu’il repose en paix - dans les salles de rédaction où il a passé et dans ses cercles d’amis, pour sa passion pour cette thématique. Évidemment, les éditorialistes le consultaient au moment d’écrire sur Haïti ainsi que les Haïtiens dans le pays. Par conséquent, ses connaissances et son autorité sur ce thème ont affecté la ligne éditorial des médias où il a travaillé.
Nous avions, certainement, nos désaccords mais ses préoccupations, quand la situation entre les deux pays s’assombrissait, étaient sincères. Il mettait de côté plume et magnétophone pour agir, ici et là-bas, entre les politiciens et les leaders patronaux ou ecclésiastiques cherchant des solutions pacifiques et harmonieuses.
Leo, avec ses qualités et ses défauts, n’a pas eu d’émule dans ce rôle. C’est bien dommage !
Il y a, toutefois, plusieurs chroniqueurs des médias écrits qui enrichissent le débat avec leurs sages réflexions sur les relations dominico-haïtiennes.
Dans cette ligne, depuis 2005, une initiative intéressante et opportune a surgi dans le milieu numérique pour la promotion des échanges entre les deux pays dans le champ de la communication : il s’agit de l’« Espace de communication insulaire » sous la direction du journaliste José Luis Soto.
De façon plus générale, la presse numérique, utilisant les TIC, a cru de manière vertigineuse en République dominicaine. Cela donne lieu à un processus de démocratisation de la communication qui contribue à mettre dans l’espace cybernétique des zones spécifiques des grandes villes, des régions et villes de l’intérieur et même quelques communautés rurales.
En lien avec ce qui précède, la République dominicaine et Haïti font partie aujourd’hui de ce monde interconnecté en temps réel. Ces deux pays ont un passé difficile mais aussi des moments stellaires de solidarité réciproque dans l’histoire insulaire, appelés à régler leurs conflits avec la collaboration des moyens de communication, dans ce cas, spécifiquement, avec une gestion responsable de la presse numérique.
Cette dernière, en dépit de la fracture technologique, occupe une place plus grande que la radio dans les échanges dominico-haïtiens. Pour le moment, c’est le principal moyen de communication insulaire en raison de l’internet mobile et des traducteurs électroniques disponibles dans plusieurs portails dans les trois langues parlées dans l’île : le créole, le français et l’espagnol. Ce qui rend possible de comprendre et de réfuter les arguments des uns et des autres.
Dans quelques médias électroniques dominicains, s’est développée une section spéciale sur la thématique haïtienne. Au début, cela a paru répondre à une nécessité réelle d’information continue sur les divers domaines des relations binationales. Avec le temps, cela s’est converti majoritairement en espaces de promotion de la cyber-haine entre Haïtiens et Dominicains.
En raison d’une concurrence tellement vaste dans le monde cybernétique, tout moyen paraît bon pour maintenir un certain niveau de pénétration mesuré par le nombre de visiteurs et de commentaires laissés sous ce qui est publié, particulièrement des chroniqueurs et commentateurs ennemis de la paix insulaire et des critiques acerbes des médias et journalistes qui maintiennent une position équilibrée sur cette thématique. Le champion a récemment publié ses statistiques.
La cyber-haine promue dans leurs pages lues à travers le village global qu’est le monde, qui fait les éloges de Trujillo et qui demande une réédition du massacre de 37 en lien avec la question migratoire, affecte potentiellement, d’une part, les bonnes relations existant entre Haïtiens et Dominicains. D’autre part, elle renforce sur le plan international la perception du Dominicain comme un peuple qui, malgré qu’il y ait dans son pays plus d’émigrants que d’immigrants, rejette et discrimine l’Haïtien. Nous savons qu’il n’en est pas ainsi.
Le débat démocratique dans le respect mutuel entre les intervenants sur des matières aussi sensibles que la question migratoire doit être encouragé. Mais, des médias numériques dirigés par des professionnels reconnus de la communication devraient être plus attachés à la déontologie de cette profession.
Version originale en espagnole : http://www.acento.com.do/index.php/blog/10780/78/Tema-haitiano-El-ciber-odio-en-la-prensa.html
Traduction/edition : Fundacion Zile/Canada
* Directeur exécutif de la Fondation Zile