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Haïti-Droits humains : Des progrès réels restent à accomplir au niveau de la justice et la sécurité, selon l’Onu

P-au-P, 18 sept. 2013 [AlterPresse] --- Des avancées concrètes sont nécessaires sur le plan judiciaire et sécuritaire pour faire progresser les droits humains en Haïti, indique l’Organisation des Nations Unies (Onu) dans son rapport semestriel sur la situation des droits humains dans le pays, couvrant la période de janvier à juin 2013 et dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

Les poursuites judiciaires ne sont pas encore engagées contre la majorité des cas d’allégations d’usage excessif de la force par des agents de la Police nationale d’Haïti (Pnh) et de la Direction de l’administration pénitentiaire (Dap) au cours du semestre écoulé, signale l’Onu.

Une remise en cause de l’indépendance de la justice est constatée, par l’interférence de la sphère politique dans le déroulement des procédures judiciaires et dans la prise de décisions de justice.

Toutefois, au cours de la période en revue, plusieurs affaires judiciaires relancées concernant des violations graves des droits humains - perpétréees par le passé, notamment les audiences en appel de l’instruction dans le procès de Jean-Claude Duvalier (avril 1971 - février 1986) - ont revêtu un caractère symbolique fort, en ce qui a trait à a lutte contre l’impunité en Haïti.

Il est « crucial que les autorités haïtiennes luttent contre toute impunité, pour les crimes graves commis dans le pays, qu’ils soient anciens ou récents. Il s’agit, là, d’un facteur décisif pour restaurer la confiance des citoyens haïtiens dans leur système judiciaire et carcéral », suggère, dans ce rapport, la haut-commissaire des Nations Unies aux droits humains, Navi Pillay.

Aggravation de la situation carcérale

144 nouvelles personnes, en moyenne, sont incarcérées chaque mois et 0.61 mètre carré d’espace par détenu (soit trois personnes occupant l’espace correspondant à la taille d’un matelas) est disponible dans les prisons, au cours du premier semestre 2013, relève l’Onu, signalant une aggravation de la surpopulation carcérale.

« Le traitement, par les acteurs de la chaîne pénale, des plaintes déposées par les citoyens haïtiens, ne garantit que trop rarement l’accès effectif des victimes aux procédures judiciaires. Et un nombre beaucoup trop élevé de personnes reste en détention préventive prolongée », analyse, pour sa part, la représentante spéciale du secrétaire général des Nations unies en Haïti, la trinitéenne Sandra Honoré .

La sécurité, un défi à relever

Les autorités judiciaires et administratives, dans certaines localités, ont eu recours à des forces de sécurité parallèles, composées de civils, afin d’effectuer des tâches réservées aux seules autorités étatiques, chargées de l’application des lois, déplore également l’Onu, attirant l’attention sur les risques sécuritaires que pose l’existence de tels groupes, notamment dans la perspective des prochaines élections.

De janvier à juin 2013, 79 cas de lynchages ou de tentatives de lynchage ont été enregistrés par la Police des Nations Unies (Unpol).

Ce phénomène de lynchage, en augmentation par rapport au premier semestre 2012, suscite de vives préoccupations.

L’Onu mentionne également une insuffisance de la réponse des autorités - au cours de la période couvrant le rapport - pour prévenir et réprimer les lynchages, ainsi qu’une action judiciaire inadéquate pour lutter contre les actes de violences sexuelles.

« Alors que 74% des camps de [personnes] déplacées sont situés sur des terrains privés, le nombre d’évictions forcées, illégales de personnes déplacées, est à nouveau en augmentation, signe de l’impatience grandissante des propriétaires de ces terrains », dénonce l’Onu dans son rapport sur les droits humains considérant la période de janvier à juin 2013 . [emb kft rc apr 18/09/2013 13:00]