P-au-P, 16 sept. 2013 [AlterPresse] --- La station privée Radio Télé Kiskeya vient d’interjeter appel contre une sommation « arbitraire, autoritaire, injustifiée et attentatoire à la liberté de la presse », faite à son encontre par le doyen du tribunal civil de Port-au-Prince et relative à une sanction disciplinaire qui concerne Lamarre Bélizaire, lorsqu’il ne sera plus juge d’instruction et voudrait reprendre la profession d’avocat, apprend AlterPresse.
Le doyen du tribunal civil de Port-au-Prince, Raymond Jean Michel, a envoyé, ce lundi 16 septembre 2013, une sommation à la consœur journaliste Lilianne Pierre-Paul et à Radio Kiskeya, enjoignant à la station privée de communiquer, par copie certifiée, une information relayée autour d’une décision du barreau des avocats de Port-au-Prince contre le juge d’instruction Lamarre Bélizaire.
Au terme de sa fonction comme juge d’instruction, Lamarre Bélizaire ne pourra plus exercer, pendant 10 ans, la profession d’avocat dans la juridiction de la capitale, a sanctionné l’ordre du barreau des avocates et avocats de Port-au-Prince.
Cette information, publique, a été relayée par plusieurs médias de la capitale, dont la station Radio Télé Kiskeya.
« Le dossier est entre les mains du cabinet juridique de la station », confie à AlterPresse la consœur Lilianne Pierre-Paul, directrice de programmation à Radio Télé Kiskeya et actuelle présidente de l’Association nationale des médias haïtiens (Anmh).
Cette demande est irrecevable, sur la base de la « qualité » du plaignant Lamarre Bélizaire, de différents documents non transmis (lettre de nomination comme juge d’instruction, texte de déclaration – de l’ordre des avocats de Port-au-Prince - qui serait contraire à l’information diffusée dans les médias, etc.)…, indique l’appel du cabinet juridique de la Radio Télé Kiskeya.
Les consœurs et confrères journalistes, solidaires de la cause de la liberté d’informer, s’interrogent sur le caractère de cette sommation, qui semble prendre des couleurs « politiques » dans un dossier d’intérêt public, véhiculé par différents médias, dont Radio Télé Kiskeya.
Le juge d’instruction Lamarre Bélizaire est accusé, par divers secteurs, comme les organismes de défense de droits humains, de faire le jeu de l’administration politique actuelle.
Qu’est-ce qui se cache derrière cette sommation, apparemment judiciaire, dans un contexte où l’actuelle administration politique est mise en cause et dénoncée dans plusieurs actes de violation de droits humains, d’interférence dans le système judiciaire, de dérives multiples et de scandales à répétition depuis 2011 ?
Va-t-on invoquer, à nouveau, l’appellation « outrage à magistrat » pour s’en prendre aux journalistes, travailleurs de presse et médias en Haïti ?
Les organismes de droits humains ne se sont pas encore prononcés sur la sommation judiciaire à l’endroit de Radio Télé Kiskeya.
Un dossier à suivre, devant les velléités de tenants de l’administration politique actuelle de museler la liberté d’expression, de la presse et d’opinion, garanties par la Constitution du 29 mars 1987.
Le vendredi 13 septembre 2013, le directeur de Radio Télé Scoop FM ainsi que plusieurs journalistes de la station ont été attaqués par des bandits armés à Petit-Goâve (à 68 km au sud de la capitale), alors que les journalistes faisaient route en direction du Sud du pays. Au moins l’un des journalistes a été blessé et des dégâts matériels enregistrés au cours de l’agression perpétrée sur la route nationale No. 2.
En fin d’après-midi du 16 septembre 2013, le ministère de la communication déclare « condamner énergiquement cette attaque (du vendredi 13 septembre 2013 à Petit-Goâve) ayant fait des victimes au sein du groupe (de Radio Télévision Scoop FM) et provoqué des dégâts matériels considérables », dans une note acheminée à AlterPresse. [rc apr 16/09/2013 16:00]