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Haïti-Petrocaribe : Des chiffres du Bmpad dans le contexte du XIe conseil des ministres

Par Edner Fils Décime

P-au-P, 06 sept 2013 [AlterPresse] --- Alors que le lancement du conseil des ministres de la Zone économique Petrocaribe [1] est reculé de 6 heures, ce 6 septembre 2013, le bureau de monétisation des programmes d’aide au développement (Bmpad) avance des chiffres pour expliquer « la mise en œuvre de l’accord Petrocaribe en Haïti ».

Responsable de ladite mise en œuvre de l’accord, le Bmpad sert d’interface entre le fournisseur vénézuélien Petroleos de Venezuela SA (Pdvsa) et les compagnies pétrolières locales.

Au 31 juillet 2013, Haïti a importé un volume total de « 26 millions de barils de produits pétroliers, soit 1 milliard 92 millions de gallons ».

Ce qui fait que la « dette effective » du pays envers le Venezuela est de 1 milliard 127 millions de dollars étasuniens (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui).

Le pays a 25 ans pour rembourser sa dette à la république bolivarienne du Venezuela.

Cette dette « se chiffrerait à 1 milliard 522 millions si le Venezuela, suite au séisme du 12 janvier 2010, n’avait pas annulé officiellement 395 millions de cette dette » précise le document du Bmpad.

Haïti, meilleur payeur ?

Le Bmpad se félicite de la régularité de paiement de la portion cash au Venezuela. Le pays serait considéré comme « l’un des payeurs les plus réguliers, sinon le meilleur ».

Au 31 juillet 2013, le pays aurait déjà versé à Pdvsa (en portion cash) 1 milliard 215 millions 680 mille 547 dollars et 15 centimes.

« De ce montant, trois cent soixante-neuf millions de dollars [étasuniens] ont été rétrocédés à Haïti sous forme de projets, à être gérés par l’entreprise mixte Société d’Investissement Pétion Bolivar SAM », lit-on dans le document du Bmpad.

Des questions surgissent sur l’absence de transparence en ce qui concerne la création de cette entreprise mixte.

Quelles sont ses modalités de fonctionnement ? Comment l’État haïtien en assure-t-il le contrôle ?

Autant d’interrogations jusqu’ici sans réponse.

Le délai pour payer la portion cash est de 90 jours (à partir de la date du connaissement).

Durant les 30 premiers jours, le montant est payable sans intérêt. Du 31e jour jusqu’au 90e jour, Haïti peut être chargée d’intérêts de l’ordre de 2%.

Actuellement, cette portion représente 40% de la valeur facturée. Les 60 % restantes représentent ce que le Bmpad appelle « portion financée ».

1 milliard 316 millions 803 mille et 731 dollars étasuniens sont destinés à financer 186 projets dits de développement, indique le document du Bmpad.

Au 31 juillet 2013, 1 milliard 7 millions 288 mille 456 dollars étasuniens et 43 centimes seraient transférés au compte du trésor public.

Selon le Bmpad, les fonds prévus pour le financement des projets font partie intégrante du budget.

« La portion financée doit être payée par versements annuels sur une durée de 25 ans, incluant 2 années de grâce et à un taux d’intérêts annuels de 1%. Ces paiements se font à partir du 3e anniversaire de la date de connaissement de chaque cargaison », précise le document du Bmpad.

Compensation en produits agricoles

Le gouvernement haïtien envisagerait de recourir au paiement en « produits agricoles exportables » vers le Venezuela, dans le cadre de la Zone économique Petrocaribe.

L’igname et le sirop de canne à sucre seraient des produits déjà identifiés par le gouvernement.

Haïti et Petrocaribe

Membre de l’Accord de coopération énergétique Petrocaribe depuis 2006, Haïti a commencé par bénéficier, à partir de septembre 2007, de l’approvisionnement en produits pétroliers au prix international à des conditions préférentielles de paiement.

C’est le 29 juin 2005, à Puerto Lacruz (Venezuela) que des chefs d’Etat et de gouvernement ont ratifié cet accord de coopération sous la houlette du feu président vénézuélien, grand ami d’Haïti, Hugo Chavez.

Les résolutions de la 9e réunion du conseil des ministres, tenue à Caracas le 4 mai 2013 et de celle tenue le 28 juin 2013 à Managua au Nicaragua, ont eu pour résultat la mise en place de la Zone économique Petrocaribe (Zep).

La Zep est comprise comme un espace de production et d’échanges de biens et de services dans la région, dans le respect de la souveraineté et du droit à l’autodétermination des peuples. [efd rc apr 06/09/2013 13:40]


[1Les 6 et 7 septembre 2013, Haïti reçoit la 11e réunion du conseil des ministres PetroCaribe http://www.alterpresse.org/spip.php?article15080.