Par Emmanuel Marino Bruno
P-au-P, 05 sept. 2013 [AlterPresse] --- L’Asosyasyon kominikatè ak kominikatèz popilè (Akp) (en français : l’Association des communicateurs et communicatrices populaires) se dit favorable à la grève, annoncée par plus de vingt-cinq professeurs de l’Université d’État d’Haïti (Ueh) pour le 1er octobre 2013, dans une note transmise à AlterPresse.
« Toutes les travailleuses et tous les travailleurs, sans discrimination de sexe, de classes sociales et de couleur, doivent avoir un salaire leur permettant de répondre à leurs besoins et à ceux de leurs ménages », avance Akp pour justifier son appui à cette grève.
L’Association défend l’idée que les professeurs, comme les autres travailleurs, doivent jouir de toutes les dispositions de la loi pour la garantie de leur protection.
Réunis au sein d’une « Cellule de réflexion pour la nouvelle Ueh » (Crnu), ces professeurs dénoncent leurs mauvaises conditions salariales, dans une lettre datée du 19 août 2013 et remise au siège du conseil de l’Ueh, à Port-au-Prince, le 28 août 2013.
Les signataires du préavis de grève exigent la régularisation de la « situation salariale des professeurs de l’Ueh ».
Une inégalité des salaires qui a trop duré
« Le salaire des professeurs de la Faculté d’Agronomie (…) représente le triple du salaire moyen des professeurs de huit autres entités de l’Ueh, et celui de l’École normale (…) en représente le double », selon la Crnu.
Le traitement maximal mensuel d’un professeur est de 120 mille gourdes (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui) à la faculté d’agronomie et de médecine vétérinaire (Famv), 90 mille à l’École normale supérieure (Ens) et 70 mille à la faculté de médecine et de pharmacie (Fmp).
Akp appelle le rectorat de l’Université d’État d’Haïti à prendre en considération la grille salariale, qui prévoit cent-vingt mille (120,000.00) à cent-cinquante mille (150,000.00) gourdes, pour toutes les professeures et tous les professeurs, et à leur donner une augmentation suivant leur niveau d’études.
Une telle disposition encouragerait alors les professeures et professeurs à faire des progrès académiques, aux yeux de Akp.
Face à cette annonce de grève salariale, des discussions vont être engagées avec les différents professeurs pour trouver une issue à cette question, annonce à AlterPresse le vice-recteur à la recherche, Fritz Deshommes, sans vouloir donner plus de détails.
La question salariale est l’une des priorités du Conseil, souligne le recteur de l’Ueh, Jean Vernet Henry, qui intervenait sur un média de la capitale.
Depuis 2012, des réflexions sont en cours sur la grille salariale des professeures et professeurs à l’Ueh, dit Henry.
Le traitement d’un professeur à plein temps, à l’Ueh, varie entre 40 mille gourdes et 120 mille gourdes, précise t-il.
Au-delà de la question salariale
Cependant, le problème de l’université - qui n’est pas simplement une affaire de salaire inégalitaire au sein des professeurs - s’inscrit dans un cadre plus large touchant la réforme universitaire qui semble être tuée dans l’œuf, explique Akp.
Elle fustige, par ailleurs, le manque de volonté de la commission de réforme à l’Ueh (mise en place depuis plus de dix ans) à amorcer des réformes profondes, susceptibles de permettre à l’université de se connecter à la société, de participer au développement du pays et de contribuer à un accès gratuit à une formation supérieure au profit de toutes et de tous.
En plus de l’existence de l’inégalité salariale à l’Ueh, Akp invite, également, à considérer les mauvaises conditions de fonctionnement académique, dans plusieurs facultés de l’Ueh (depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010), comme les problèmes liés à l’absence de locaux, de bibliothèques, de cafétérias, de transports et d’assurance. [emb kft rc apr 05/09/2013 15:10]