P-au-P, 21 août 2013 [AlterPresse] --- L’exécutif, continuellement décrié par l’opposition politique, suscite de plus en plus de doutes quant à sa volonté réelle d’organiser, avant la fin de l’année 2013, les élections pour renouveler un tiers du sénat (10 sénateurs sur 30), 140 postes communaux et 570 locaux.
Manifestation anti gouvernementale au Cap-Haïtien
Cartons rouges en main, des milliers de manifestantes et manifestants ont critiqué l’actuelle équipe gouvernementale, le mercredi 14 août 2013, lors d’une démonstration conduite au Cap-Haïtien (Nord) par le sénateur Jean Charles Moïse et d’autres responsables politiques.
Sur les pancartes, des expressions comme « nous voulons d’une démocratie sans démagogie » ; « nous demandons la destitution et l’arrestation de (Joseph Michel) Martelly et de (Laurent Salvador) Lamothe ; « élections ou bien démission », ou encore « non à la vie chère, la misère, la faim et le chômage ».
Une autre dénonciation de la réalité du chômage vient de l’archevêque de Port-au-Prince, Mgr. Guire Poulard (église catholique romaine), au cours de la célébration de la fête de l’assomption dans la ville de Petit-Goâve (Ouest) le jeudi 15 août.
« Le chômage est généralisé », en un moment où « beaucoup s’enrichissent au détriment du pays (…) gangrené de corruption », critique Poulard.
L’exécutif contesté
Les principaux partis politiques de l’opposition continuent de réclamer des excuses de Martelly pour des propos déplacés qu’il a tenus.
En plus de les accuser de voleurs, Martelly a aussi retenu son principal adversaire, lors des scrutins présidentiels de 2010 et 2011, Mirlande Hippolyte Manigat, comme le cerveau d’un éventuel complot visant à le renverser.
Tandis que les excuses du président tardent à venir, ces partis politiques ont décliné l’invitation à une rencontre, qui devait se dérouler, sur invitation de Martelly le mercredi 14 août, dans la capitale haïtienne, autour des prochaines élections sénatoriales et communales.
Le manque de respect du président pour ces opposants politiques, le dossier du juge Jean Serge Joseph, le scepticisme sur la volonté du président d’organiser des élections démocratiques d’ici la fin de l’année 2013, sont parmi les motifs avancés par les partis politiques pour réfuter la convocation du président.
Des élections à quel prix ?
La dernière proposition de Michel Martelly, d’organiser les prochaines élections sénatoriales et locales avec la loi électorale de 2008, continue de provoquer des protestations sur la scène politique.
Il n’est « pas question de faire des élections avec la loi électorale de 2008 », a déclaré à la presse le député Jean Tholbert Alexis, président de la chambre des députés.
Ce dernier demande au Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep) d’acheminer au parlement le projet de loi électorale qu’il avait élaboré.
Le document en question se trouve à la présidence depuis le lundi 1er juillet 2013.
Organiser les prochaines élections avec la loi de 2008, sans l’amender, constituerait une violation de la Constitution de 1987 amendée (dite en vigueur), vu que certains articles de celle-ci ne correspondent pas avec la loi électorale, ou sont en contradiction carrément avec lesdits articles, estime Léopold Berlanger, un des membres du Ctcep.
« Tout ce que les gens racontent sur les écarts, que comporte la loi de 2008, ne me concerne pas, parce que je ne suis pas juriste », fait valoir, pour sa part, Emmanuel Ménard, président du Ctcep, un des représentants de l’exécutif au sein de cette institution.
Le processus d’enregistrement des partis politiques, qui désirent participer aux prochaines élections, commencera bientôt, annonce Ménard, qui intervenait sur une station de radio privée de la capitale.
Il faut, en moyenne, 6 mois pour organiser de bonnes élections, d’après des personnalités habituées à l’organisation d’élections.
Les interrogations demeurent sur la possibilité d’avoir un scrutin, à un peu plus de 4 mois de la fin de l’année 2013.
Un opposant politique arrêté
Enold Florestal, un des citoyens initiateurs de la plainte pour « corruption et usurpation de titre » contre Sophia Saint-Rémy et Olivier Martelly, respectivement épouse et fils du président Martelly, a été arrêté dans l’après-midi du vendredi 16 août 2013.
Son arrestation fait suite à un mandat du juge Lamarre Bélizaire, en date du 25 juillet 2013. Alors qu’il se trouvait à l’hôpital au moment des faits, Florestal est pointé dans la mort de son beau-frère Frantzy Duverseau, survenu le 18 octobre 2010.
Duverseau a été tué par la police nationale, selon quelques éléments d’informations issues des premières enquêtes conduites.
Le mandat en question concerne également Me. André Michel (un des avocats de Enold Florestal) qui aurait été sur les lieux lors du drame du 18 octobre 2010.
Rejoint par AlterPresse, André Michel parle d’« arrestation et de répression politiques ».
Les services de sécurité publique rapportent que l’arrestation d’Énold Florestal serait liée à un dossier de « faux et d’usage de faux » d’une dame dénommée Béata St-Jour, déclarée être la concubine de ce dernier.
Béata St Jour a été également appréhendée.
Les voyageurs étasuniens appelés à la prudence en Haïti
Tandis que les autorités haïtiennes claironnent, depuis un peu plus de 2 ans, que le pays est ouvert aux affaires et, en particulier, au tourisme, le département d’État étasunien a, une nouvelle fois, émis une note pour exhorter ses ressortissantes et ressortissants - qui envisageraient de se rendre sur le territoire haïtien - à « faire preuve de prudence ».
En guise de motif, le gouvernement américain estime que « les infrastructures haïtiennes d’Haïti sont en mauvais état et insuffisantes ».
Il évoque aussi la faiblesse des installations médicales et des services ambulanciers, ainsi que les limites des autorités haïtiennes à répondre aux urgences dans les zones rurales.
Un nouveau représentant adjoint de Ban Ki-Moon
Après la nomination de la diplomate trinidadienne Sandra Honoré, comme représentante et cheffe civile de la Mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah), Peter de Clercq est le nom du nouveau représentant adjoint du secrétaire général des Nations Unies Ban Ki–moon dans le pays.
D’origine hollandaise, De Clercq vient remplacer Nigel Fisher (de nationalité canadienne), qui était affecté à ce poste depuis juillet 2010.
Le nouveau fonctionnaire jouera également le rôle de coordonnateur humanitaire en Haïti.
Homophobie, l’Onu réagit
L’organisation des Nations Unies (Onu) se dit préoccupée par les actes homophobes, enregistrés dans le pays.
Elle appelle au respect d’autrui et à la tolérance.
Une maison, où se fiançaient deux hommes s’affichant comme des homosexuels, a été attaquée dans la soirée du samedi 10 août 2013.
Visite, de quelques heures, du président taïwanais
Ma Ying-Jeoun, président de la République taïwanaise, a effectué une visite de quelques heures, le mardi 13 août 2013, dans la capitale haïtienne, où il a rencontré son homologue Michel Martelly.
Les deux hommes ont posé la première pierre pour la construction d’un immeuble qui doit accueillir la cour de cassation de la république. [srh kft rc apr 21/08/2013 1:50]