P-au-P, 16 août 2013 [AlterPresse] ---- La Force de réflexion et d’action sur la question du logement (Frakka en créole) qualifie de persécution politique une invitation du parquet du tribunal civil de Port-au-Prince, adressée à l’avocat des droits humains, Me Patrice Florvilus, lors d’une conférence de presse donnée ce vendredi 16 août 2013 et à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
Le plaignant Me. Reynold Georges, un des avocats de l’ancien-dictateur Jean-Claude Duvalier, accuse « d’incendie et d’association de malfaiteurs » le directeur exécutif du bureau d’accompagnement juridique des ’’Défenseurs des opprimées et opprimés’’ (Dop).
Membre de l’équipe d’avocats aayant accompagné différentes victimes de la dictature des Duvalier, Me. Florvilus est attendu, le lundi 19 août 2013, au parquet du tribunal civil de la capitale.
Ce mandat d’invitation ferait partie d’un plan global de discriminations, répressions et d’expulsions forcées, contre des personnes déplacées vivant sous les tentes, critique le secrétaire exécutif de Frakka, Reyneld Sanon.
La Frakka appelle à une solidarité active en faveur de Me Patrice Florvilus, qui a toujours défendu les personnes déplacées depuis le tremblement de terre du 12 janvier 2010.
Cette tentative de persécution, qui ne serait pas seulement individuelle, viserait aussi un cabinet d’avocats qui défendent les causes des familles victimes dans le séisme du 12 janvier 2010, interprète la Frakka.
Le mandat d’invitation à Me. Patrice Florvilus survient, au lendemain d’une plainte déposée par Dop contre des policiers nationaux soupçonnés d’avoir tué, au commissariat de Delmas 33, le 15 avril 2013, un porte-faix dénommé Meris Civil (après l’avoir arrêté au Camp Acra de Delmas 33), explique l’avocat des droits humains.
Cette brutalité policière aurait eu lieu suite à une intervention incendiaire, le samedi 13 avril 2013, de Me Reynold Georges, menaçant d’expulser manu militari les personnes déplacées de ce camp.
Deux jours plus tard, soit le 15 avril, le camp a été incendié.
Aucune suite n’est encore donnée à ce dossier, qui est déjà au cabinet d’instruction, fait savoir Florvilus.
« Aujourd’hui, la liberté d’expression et l’exercice de la profession des avocats sont menacés en Haïti », avertit Florvilus mentionnant les noms des avocats comme Mario Joseph et André Michel qui s’occupent de sa plainte adressée contre les policiers impliqués dans l’affaire.
« En 2012, l’ex-dictateur avait débarqué dans le camp Acra pour le réclamer comme son bien » et Me Reynold Georges aurait aussi voulu s’accaparer de 13 centièmes de cet espace, occupé par les personnes déplacées depuis le 12 janvier 2010, rappelle Florvilus.
Florvilus assimile le mandat, qui lui est adressé par le parquet du tribunal civil de Port-au-Prince, à un acte d’intimidation contre les militants des droits humains et contre celles et ceux qui dénoncent la corruption au sein de l’actuelle administration politique.
La profession d’avocats est plus que jamais menacée dans le pays, avec les dérives du pouvoir en place, alerte Florvilus, à l’endroit notamment de l’opinion nationale et internationale.
Me Reynold Georges devra désormais répondre des tortures subies par les victimes au camp Acra, avance-t-il.
Depuis plusieurs jours, des bandits ne cessent pas de menacer le défenseur des droits humains, signale Frakka.
La force de réflexion et d’action sur le logement dénonce et proteste contre un ensemble d’actes de violences et d’expulsions forcées contre les personnes déplacées dans les camps.
La Frakka cite, entre autres, des cas de destruction des camps de la place Jérémie (sud-est de la capitale), de Gaston Magnon à Mariani (sud) des camps Bristou et Acra (à l’est de Port-au-Prince), dont certains cas ont été perpétrés par des agents armés de l"exécutif. [emb rc apr 16/08/2013 13:40]