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Haïti-Élections : Des fauteuils vides à une rencontre prévue par Martelly avec les partis politiques

P-au-P, 14 août 2013[AlterPresse] --- Plus d’une dizaine de partis de l’opposition ont pris la décision de bouder une rencontre convoquée par le président Michel Martelly ce 14 aout autour des prochaines élections sénatoriales partielles, municipales et locales.

Dans une lettre ouverte, l’Organisation du Peuple en Lutte (Opl) décline l’invitation de Martelly à cette rencontre baptisée « dialogue sur les élections ». Pour l’organisation, l’exécutif ne pense guerre à la tenue des élections d’ici la fin de l’année.

Le Mouvement des partis politiques de l’opposition démocratique (Mopod) a également pris la résolution de ne pas se faire représenter à la réunion annoncée.

Le Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rndp) « se range dans la position du Mopod », a fait savoir à AlterPresse la secrétaire générale de cette formation politique, Mirlande Hyppolite Manigat, ancienne rivale de Martelly aux présidentielles de 2011.

Mirlande Manigat a récemment été accusée par le président de fomenter un coup d’État, ce que l’ex candidate à rejeté d’un revers de main en relevant un projet totalitaire de Martelly.

Aura-t-on des élections d’ici la fin de l’année ?

« Ce n’est pas une question à laquelle on peut répondre affirmativement », a fait savoir à AlterPresse un des membres du Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep), ce, environ 72 heures après une rencontre avec le chef de l’État au palais présidentiel.

Une réponse qui laisse comprendre que l’incertitude autour de la tenue des élections pour renouveler le tiers du sénat (10 sénateurs sur 30), les conseils communaux et locaux, se confirme de plus en plus.

Après avoir mis un mois et demi à travailler sur le projet de loi électoral élaborée par le Ctcep, la présidence change de cap.

Le président Martelly demande « d’initier le processus électoral » avec la loi électorale de 2008, vu qu’elle est « encore en vigueur et n’a pas été encore abrogée », a confirmé à AlterPresse le porte parole de la présidence, Lucien Jura.

Un revirement « vraiment bizarre » d’après Léopold Berlanger, membre de l’institution électorale.

Cette « exigence » du chef de l’État vient consacrer une perte de temps, celui mis par le Ctcep à élaborer le projet de loi électorale, transmis depuis le 1er juillet à la présidence.

En outre, avant toute éventuelle utilisation de la loi électorale de 2008, il faudrait que le Parlement « statue » sur ce texte, partiellement en contradiction avec la constitution amendée en 2011.

l’Opl voit dans cette attitude de l’exécutif, en particulier de la présidence, une volonté de perpétuer le « dérèglement du calendrier électoral ».

Des secteurs politiques d’opposition craignent que le plan de Martelly soit la recherche de la caducité du parlement avec le dysfonctionnement du sénat dont un second tiers devrait partir en janvier 2014, suivant la loi électorale de 2008.

Avec un tel scénario Martelly pourrait avoir les pleins pouvoirs et diriger par décret, selon des analystes, qui n’écartent pas l’hypothèse de la mise sur pied d’une nouvelle constituante afin de fabriquer une constitution sur mesure pour le régime en place.

Mais, la société, accepterait-elle de suivre le président sur cette voie ? [srh gp apr 14/08/2013 00:20]