P-au-P, 05 août 2013[AlterPresse] --- La Plateforme des organisations haïtiennes de défense des droits humains (Pohdh) se dit inquiète par rapport à la décision prise le vendredi 02 août 2013 par la Cour d’appel de Port-au-Prince d’ordonner la libération immédiate de plusieurs policiers supposément impliqués dans des actes de kidnapping.
Ces policiers ont été accusés d’enlèvements, de séquestration de personnes contre rançon, d’associations de malfaiteurs et de détention illégale d’arme à feu, dans le cadre du dossier mettant en cause l’homme d’affaires Clifford Brandt.
Ils étaient inculqués pour complicité avec Brandt, arrêté par la police judiciaire, le lundi 22 octobre 2012 pour l’enlèvement de Nicolas et de Coralie Moscoso.
Les policiers concernés par la décision de la Cour d’appel sont le responsable du Cat Team au palais national, Marc Arthur Phebé, l’agent 4 Fritz Aristide, les agents 3 Jacques Darly Michelais et Obnes Babelus et deux anciens policiers, responsables de sécurité de la maison Mazda (propriété de Brandt), Gérald Fontélus et Berthony Dumézil.
Le secrétaire exécutif de la Pohdh, Antonal Mortimé, craint un renforcement de l’impunité dans le pays à cause de ces genres de décision concernant notamment la libération de personnes accusées de crimes graves.
Une décision de justice avait permis la mise en liberté du conseiller du chef de l’Etat, Calixte Valentin, le mercredi 7 novembre 2012 après 6 mois d’incarcération dans le cadre de l’enquête sur l’assassinat du commerçant Octanol Derissaint, survenu à Fonds Parisien, le 18 avril 2012.
« Au niveau de la plateforme, nous respectons la décision prise par un juge. Cependant, dans ce cas précis (affaire Brandt), nous avons beaucoup de doutes quant au respect des procédures de justice », souligne Mortimé.
Pour justifier son scepticisme, il rappelle les propos tenus par le secrétaire d’Etat à la sécurité publique, Réginald Delva, qui considérait le réseau de Brandt comme « l’un des plus grands gangs du pays », lors de l’arrestation de ce dernier.
« Le système judiciaire est malade », estime Mortimé. Il existe « quelques juges qui tentent de faire des efforts dans le système, mais en grande partie, ce sont des gens qui agissent sous l’influence du pouvoir en place », fustige-t-il.
Le défenseur des droits humains appelle à lutter pour garantir l’impartialité des juges dans l’appareil judiciaire face aux influences des pouvoirs politiques et économiques.
La Pohdh demande au Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) de jouer son « vrai rôle » afin de veiller notamment à la certification des juges depuis les tribunaux jusqu’à la Cour de cassation.
La Plateforme souhaite la mise en place par le Cspj d’une « commission tripartite composée des représentants du pouvoir judiciaire, du gouvernement et de la société civile en vue de travailler sur la certification des juges afin de s’assurer de l’impartialité des magistrats ».[emb gp apr 05/08/2013 14 : 30]