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Haiti, point dominant de la conjoncture caribéenne, selon WACC-Caribe

Le Caire, 12 juil. 04 [AlterPresse] --- La situation haïtienne est l’élément le plus marquant de toute la région de la Caraibe au cours des 12 derniers mois, selon un rapport établi par la branche caribéenne de l’Association Mondiale pour la Communication Chrétienne (WACC-Caribe).

Lors de la réunion du Comité Central de la WACC au Caire au début du mois de juillet, les Président et Vice-Présidente de WACC-Caribe, respectivement Gotson Pierre (Haiti) et Suecia Mendez (Cuba), ont fait part des récents evenements politiques en Haiti, qui ont conduit au départ de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide.

« La présence depuis février de troupes étrangères en Haïti, notamment américaines, canadiennes, françaises et chiliennes n’a pas permis de rétablir totalement la paix et la sécurité », ont signalé les responsables de WACC-Caribe. Un climat d’insécurité persiste, alors que des casques bleus des Nations Unies ont pris en juin la relève de la force multinationale intérimaire, ont-ils ajouté.

« Aucun véritable désarmement des groupes armés et des ex-militaires n’a été entrepris. Des recrutements ont été organisés au niveau de la police haïtienne, qui demeure encore faible, après avoir été directement affectée par la crise, en partie a cause du fait qu’elle a été vassalisée par le régime d’Aristide », ont expliqué les dirigeants de WACC-Caribe.

Sur un plan général, ils ont affirmé que « les nouveaux responsables ont encore du mal à maîtriser la situation. Le fonctionnement de l’appareil d’Etat est marqué par le tâtonnement et l’improvisation. L’implication étrangère demeure très forte ».

D’autre part, selon WACC-Caribe, les problèmes en Haïti ont eu des conséquences énormes au niveau de la sphère diplomatique caribéenne. L’organisation a ajouté que les relations d’Haïti avec la Communauté Economique de la Caraïbe (CARICOM) n’ont pas véritablement repris, après un froid dans les relations entre Haïti et la Jamaïque, lorsque ce pays a reçu en mars le président déchu.

« La CARICOM qui avait pris une part active à des démarches de sortie de crise en Haïti avant le 29 février, n’a pas digéré les interventions américaines et françaises, qui l’ont pratiquement écartée », ont déclaré les responsables de WACC-Caribe. D’un autre coté, ont-ils dit, « la crédibilité de la CARICOM, suspectée de partialité en faveur de l’ancien régime, a été mise en doute par des secteurs sociaux haïtiens, qui eux aussi ont estimé que leurs luttes ont été confisquées par les grandes puissances ».

En ce qui concerne les médias haïtiens, WACC-Caribe a estimé qu’ils peinent à pouvoir effectuer une lecture de la nouvelle situation. « Avec sortie d’Aristide, qui symbolisait aux yeux d’une partie de la population, le crime et la corruption, la plupart des journalistes ont perdu des repères pour rendre compte de l’ensemble de la situation » ont souligné Gotson Pierre et Suecia Mendez.

Ils ont également noté « des changements importants » au niveau de la propriété des médias, « avec l’initiation d’une tendance à la concentration et la transformation croissante de l’activité médiatique en simple secteur d’investissement ».

Au niveau de la situation générale de la Caraïbe, WACC-Caribe a fait savoir que la région « continue de faire face à des défis au niveau du respect des droits humains (politiques, économiques et sociaux), malgré l’implantation progressive de la démocratie représentative ». Parallèlement, « l’autodétermination de certains peuples caribéens demeure inaccessible, face à la volonté réaffirmée des puissances de conserver leur domination au niveau de la région ».

D’autre part, selon WACC-Caribe, les efforts entrepris par divers secteurs n’ont pas repoussé les risques. « Le fléau du SIDA progresse et l’environnement se fragilise, le trafic de la drogue et des armes s’étend. Cependant, un plus grand effort de concertation et d’articulation est constaté au niveau des mouvements sociaux et des institutions d’accompagnement ». [apr 12/07/2004 18:40]