P-au-P, 26 juil. 2013 [AlterPresse] --- Afin de « tirer leçon de la période indigne » de la première occupation étasunienne (28 juillet 1915 - 21 août 1934), des organisations du mouvement social haïtien organisent une série d’activités sur le thème « occupation, hier et aujourd’hui : quelles leçons pour la lutte de la libération du peuple haïtien », selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
Ayiti Djanm, Kay Fanm, Mouvement démocratique populaire (Modep), Tèt kole ti peyizan ayisyen, le parti Kanpèp, la Solidarité des femmes haïtiennes (Sofa), sont, entre autres, les organisations ayant pris cette initiative.
Un spectacle culturel, reprenant le thème de l’événement, sera présenté par le Cercle d’études en littérature Gramscienne (Sèk Gramsci, en Créole) à la faculté des sciences humaines de l’université d’État d’Haïti, ce vendredi 26 juillet 2013. Les artistes Wooly Saint-Louis Jean et Louis Lesly Marcelin (plus connu sous le nom de Samba Zao) seront également présents.
Huit conférences-débats seront organisés, le dimanche 28 juillet 2013, dans différentes communes du pays.
Des professeurs d’université et des intellectuels engagés interviendront, dont Myrtha Gilbert à Jacmel (Sud-Est), Guerchang Bastia à Hinche (Plateau central), Didier Dominique et Georges Eddy Lucien à Port-au-Prince (Ouest).
Des séances de réflexions-débats auront également lieu, le dimanche 28 juillet 2013, au Cap-Haïtien (Nord), à Miragoane (Nippes, une partie du Sud-Ouest) et à Petite Rivière de l’Artibonite (Artibonite / Nord).
Il est temps pour qu’un « large mouvement patriotique, démocratique et populaire ancré dans la population » s’insurge contre « l’occupation physique militaire », installée à partir de la Mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah), croient les organisateurs.
Le 28 juillet 2015, à l’occasion du centenaire du débarquement des militaires américains, un large mouvement est prévu de concert avec le peuple haïtien, dans l’objectif d’établir un « État national, démocratique, social, capable de récupérer totalement la souveraineté nationale et de la consolider », ajoutent les organisateurs des manifestations.
Outre une occupation militaire féroce, une concentration des services de l’État à Port-au-Prince et un appauvrissement des campagnes, les Américains ont aussi permis à leurs transnationales d’opérer un autre type d’occupation, non moins féroce, ayant pour cible privilégiée l’environnement du pays.
Dans un texte intitulé « 1915-2013 : 98 années de domination et d’exploitation étasunienne d’Haïti », les organisations initiatrices ont tenu à rappeler les conséquences de la première occupation d’Haïti par les États-Unis d’Amérique.
Parmi les bénéficiaires du « massacre environnemental » d’Haïti, sont citées les transnationales Mac Donald, Standard fruit, Shada.
Cette dernière « à elle seule a abattu plus d’un million et deux cents mille arbres, et expulsé plus de 250 mille paysans de leurs terres ».
La Haytian american Sugar Company (Hasco) s’est accaparée de plus de 30 mille carreaux de terres des paysans dans la Plaine du Cul-de-Sac (au nord de la capitale) et dans celle de Léogane (au sud de Port-au-Prince), selon le document.
L’actuelle administration politique du président Joseph Michel Martelly et du premier ministre Laurent Salvador Lamothe ont déclaré 2013 « année de l’environnement ».
Malgré une pétition, signée de figures emblématiques de l’intelligentsia haïtienne, ce gouvernement insiste pour lancer son carnaval des fleurs le 28 juillet 2013.
Pour beaucoup, il s’agit d’une tentative de banaliser, encore une fois (après les dates du 12 janvier et du 7 février, entre autres), une autre page sombre et douloureuse dans l’histoire haïtienne. [efd kft rc apr 26/07/2013 9:15]