P-au-P, 26 juil. 2013 [AlterPresse] --- Dans la vision de certains observateurs et politiques, le scepticisme remplace, dorénavant, l’espoir de l’organisation des élections sénatoriales et locales avant la fin de l’année 2013, selon une série d’entretiens réalisés par l’agence en ligne AlterPresse.
L’organisation des élections est cruciale pour le parlement haïtien : 10 sénateurs devraient entrer au sénat (pour compléter celui-ci) et empêcher un possible dysfonctionnement au parlement à partir du deuxième lundi du mois de janvier 2014, au moment où le mandat de 10 autres arrivera à terme.
Le sénat haïtien est normalement constitué de 30 membres.
Des doutes sont dans l’esprit de plusieurs personnalités, qui ont l’expérience de l’organisation d’élections dans le pays.
« (…) Plus ça va avance, plus je commence à être très pessimiste par rapport à la perspective de la réalisation des élections d’ici la fin de l’année (2013) », déclare à AlterPresse Freud Jean, un ancien conseiller électoral dans le système mis en place en 2004.
Les jours passent. Dans 5 mois, ce sera la fin de l’année 2013. Le projet de loi électorale, élaboré par le Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep), est, depuis près d’un mois, au cabinet technique du président Joseph Michel Martelly.
Ses conseillers seraient en train d’y effectuer des modifications parmi les 246 articles du document soumis par le Ctcep.
Questionné sur le temps, imparti à cette tâche, Martelly a répondu, « qu’il prendra le temps qu’il faut ».
Ce qui laisse comprendre que « l’exécutif n’est pas intéressé à organiser les élections », considère le secrétaire général de la Plateforme des organisations de défense des droits humains (Pohdh), Antonal Mortimé.
S’il en est ainsi, « nous nous acheminons vers la non-réalisation des élections (à la fin de l’année) », conjecture Sauveur Pierre Étienne, le coordonnateur national du parti politique dénommé Organisation du peuple en lutte (Opl).
Des élections, bloquées par « un problème de volonté politique (…) une mauvaise foi des autorités », poursuit Pierre Étienne.
Le pays avance vers une situation de crise aux yeux du parti politique Opl, qui dit être en train de préparer une cellule de crise.
Pour sa part, Mortimé dit voir, dans le comportement de la présidence, une tendance et une ambition despotiques et duvaliéristes.
Le temps comme obstacle
Il faut au strict minimum, et ce, en cas d’urgence, 4 mois pour organiser des scrutins, selon les propos de Freud Jean.
Des élections ne seraient pas possibles au pays avant le mois de février 2014, tenant compte de certains facteurs de blocage, dont le temps perdu dans l’élaboration de la loi électorale, estime Freud Jean.
Le temps pris par le cabinet présidentiel et celui dont disposera le parlement nous conduiraient hypothétiquement à la fin du mois d’août 2013.
Étant plutôt festif, le mois de décembre engendre généralement une démobilisation des travailleurs, une tendance qui arrive (parfois) jusqu’au mois de janvier de l’année suivante.
Et les mois de septembre, octobre et novembre ne suffiront pas pour tout réaliser.
Autres facteurs, ce sont le climat d’insécurité, la faiblesse de nos institutions et les fonds nécessaires à la réalisation des joutes électorales.
Freud Jean se demande dans quelle mesure les partenaires internationaux débloqueront les fonds à temps pour financer les activités électorales.
Pendant que le temps reste un obstacle majeur, par rapport au comportement de l’exécutif qui verse dans la lenteur, certains proposent des pistes de solution.
Pour Néhémy Joseph, membre du Ctcep, il reviendrait aux partis politiques de jouer leur rôle, actuellement.
« Même si le projet de loi électorale passe 5 mille ans entre les mains de la présidence, cela ne nous concernerait pas. Le Ctcep a fait ce qu’il devait faire (élaborer le projet de loi électorale) ».
C’est l’occasion de voir qui fait traîner la machine électorale, analyse Néhémy Joseph.
Le Ctcep dans l’attente
Entre-temps, le Ctcep vit aujourd’hui (fin juillet 2013) au rythme d’une double attente : celle de la loi électorale et des fonds pour le financement du processus.
« Nous attendons la loi électorale. Nous attendons [le déblocage] des fonds nécessaires », déclare à AlterPresse Néhémy Joseph.
La loi électorale est un outil-clé pour le fonctionnement du Ctcep, il lui permettrait particulièrement d’élaborer un calendrier pour le déroulement du processus électoral.
Pour « tuer » le temps, les conseillers électoraux échangent entre eux sur divers points, en rapport à l’établissement des bureaux électoraux départementaux et communaux et à d’autres aspects logistiques, entre autres.
Les responsables du Ctcep réfléchissent également sur les moyens à mettre en œuvre pour recruter du personnel pour les postes vacants.
Un budget de fonctionnement (du Ctcep) de plus de 700 millions de gourdes (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui), pour l’exercice 2013-2014 (à compter du 1er octobre 2013), est en discussion au parlement. [srh kft rc apr 26/07/2013 8:45]