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Un plan pour " changer le visage " de Cité Soleil

P-au-P., 01 juil. 04 [AlterPresse] --- Les résidents de divers quartiers de Cité Soleil et l’ONG CDS (Centres Développement et Santé) ont présenté le 26 juin à la population de cette commune un plan qui ambitionne de sortir le plus grand bidonville de la
capitale haïtienne de son état actuel.

Selon ses promoteurs, l’élaboration de ce document, baptisé « Pacte Social de
Cité Soleil », a été motivée par la situation difficile qu’a vécue Cité
Soleil pendant la période allant de 2001 aux deux premiers mois de l’année
2004.

Le document final a vu le jour le 6 avril dernier. Il a été présenté, ont indiqué les intervenants, au docteur Réginald Boulos des CDS qui l’a accueilli favorablement et en a fait la promotion à travers diverses réunions avec des secteurs militant respectivement dans les domaines éducatif, religieux, commercial et associatif à Cité Soleil.

Défilé de motocyclistes et de patineurs, rues décorées, des organisateurs et membres du comité d’accueil en tenue de circonstance (T-shirt blanc avec l’inscription « changer le visage de Cité Soleil »), une foule tant soit peu réceptive, une prière pour fêter « la vie qui commence à renaître » à Cité Soleil, de la musique racine.

C’est dans ce décor hétéroclite qu’a été présenté le « Pacte Social de Cité
Soleil ». « Cité Soleil a choisi de transformer le slogan cinq doigts en cinq points
 », a souligné un des promoteurs du document, le pasteur Jean Enock Joseph.

Celui-ci faisait allusion aux cinq doigts de la main qu’exhibaient dans un
passé récent des partisans de l’ancien dictateur haïtien Jean Bertrand pour
signifier que ce dernier achèverait coûte que coûte son mandat présidentiel
de cinq ans (jusqu’au 7 février 2006).

Les cinq points préconisés par le « Pacte Social » concernent la sécurité,
l’organisation de la commune, la fourniture des services sociaux à la
population, logements compris, l’éducation et l’emploi.

Cette cérémonie de présentation du « pacte social de Cité Soleil » a aussi
annoncé le retour en fanfare dans cette commune du docteur Réginald Boulos
et des CDS (Centres Développement et Santé).

Cette ONG a été mise à mal par le régime lavalas et a dû par conséquent
suspendre ses activités dans la Cité, notamment dans les domaines de la
santé et l’éducation.

« Nous sommes venus nous ressourcer en attendant la reprise de nos activités à Cité Soleil », a déclaré l’intervenant principal du jour.

Le docteur Boulos a par ailleurs fait état de la soumission à l’Union
Européenne d’un projet intitulé « Lave figi Site Solèy » prévoyant entre
autres le curage des canaux.

Il envisage également de reprendre le programme hebdomadaire de fourniture
de repas chauds aux enfants de la commune.

Cité Soleil compterait huit cent mille habitants, soit un dixième de la
population haïtienne. « Négliger Cité Soleil, c’est donc commettre un crime
 », estiment les différents intervenants.

Ils exhortent le pouvoir central, les élus locaux et les organisations
internationales à prêter main forte aux ONG locales travaillant à Cité
Soleil dont les CDS en vue de la matérialisation des cinq points du « pacte
social de Cité Soleil ».

Le père Arthur Volel, figure emblématique aux côtés des déshérités à Cité
Soleil, s’est réjoui de cette éclaircie dans la commune, tout en se
remémorant les violences perpétrées dans la Cité par les hommes de main de
l’ancien régime de Jean Bertrand Aristide.

« Les chimères ont détruit ce qui se faisait de bien. Nous avons beaucoup
souffert. Beaucoup de gens sont morts, d’autres ont disparu, d’autres ont
fui la Cité. Aujourd’hui, nous reprenons le travail de Dieu. C’est pour cela
que nous sommes rassemblés », a renchéri le père Volel.

Pour sa part, le docteur Réginald Boulos a souhaité « une présence
permanente de la police nationale à Cité Soleil pour contrecarrer notamment
l’action de certains bandits notoires qui se cachent encore dans la commune ».

« Dès 19 heures, les bandits font la loi dans la Cité. Ceci doit finir. Nous
travaillons pour cela », a fait savoir l’homme d’affaires haïtien.

Réginald Boulos, qui a été la grande vedette de cette cérémonie de
présentation du « Pacte Social de Cité Soleil », est l’actuel président de
la Chambre de Commerce et d’Industrie d’Haïti (CCIH).

Réginald Boulos est également un co-propriétaire de la société anonyme Matin S.A gérant Le Matin, un des deux quotidiens haïtiens. Il est considéré comme l’un des plus importants investisseurs dans le secteur médiatique haïtien. Il fait partie des actionnaires de la chaîne de radiodiffusion Vision 2000. Médecin et entrepreneur bien connu, il est aussi dans l’alimentaire. Il est notamment propriétaire d’un grand super marché de Port-au-Prince.

Le nom de Réginald Boulos a souvent été cité dans l’humanitaire, notamment à 
travers le réseau « Centres pour le Développement de la Santé », qui était
encore présent à la fin des années 1990 dans le grand bidonville de Cité
Soleil, au nord de Port-au-Prince. L’intéressé a annoncé le retour du réseau
en question dans cette commune « sitôt que les conditions de sécurité auront
été réunies ». [vs apr 01/07/2004 17:59]