Correspondance Exalus Mergenat
L’Estère, 24 juil. 2013 [AlterPresse] --- Après les violentes manifestations à l’Estère (Artibonite/Nord) pour réclamer justice en faveur du juge instructeur Jean Serge Joseph natif de cette commune, décédé dans des conditions suspectes, la situation n’est toujours pas claire malgré un calme apparent en ce début de semaine.
Un net ralentissement des activités au niveau surtout du marché communal est constaté. Même si lundi 22 juillet n’etait pas un jour de marché, les petits marchands et marchandes qui installent quotidiennement leurs produits n’étaient pas au rendez vous.
Le va-et-vient des motocyclistes assurant le trajet interzone ou intercommunal s’est fait timidement.
Très peu de piétons étaient aussi remarqués.
La présence des agents du Corps d’intervention pour le maintien de l’ordre (Cimo) qui établissent leur base à l’école nationale de L’Estère depuis environ une semaine n’était pas jugée rassurante.
Ces agents avaient fait feu sur les manifestants, tuant une personne et blessant plusieurs autres.
« Je suis a peine arrivé mais je vais par rester parce que la zone est fragile », a déclaré à AlterPresse un membre de la mairie.
La mairie de L’Estère est située à proximité de l’école nationale ou sont basés les agents du Cimo.
Des membres de la population dont des motocyclistes interrogés également par AlterPresse ont affirmé ne pas comprendre la présence de tous ces agents du Cimo dans la commune.
« L’Estère n’est pas Port-au-Prince, il n’y pas d’insécurité, nous n’avons pas besoin d’eux, je réclame leur départ », s’insurge Josué Théodore, un chauffeur de taxi moto.
La présence de ces agents qui sillonnent les rues inquiète la population et prête à équivoque, estime Ernst Thélot, le président du Comité de la société civile de L’Estère, interrogé par AlterPresse.
Tout en déplorant la mort par plusieurs balles de Volcy Alméti, 24 ans, et des blessés par balles, Ernst Thelot demande à la communauté de L’Estère d’observer une trêve en attendant le résultat de l’enquête ouverte autour de la mort du juge.
« Tôt ou tard, le résultat de l’enquête sortira et la population de L’Estère aura à faire éventuellement des exigences à l’administration politique en place », déclare Thélot.
Parmi les victimes, figurent un enfant sauvé de justesse après avoir inhalé du gaz lacrymogène et Marcel Joseph, un cousin du juge Jean Serge Joseph, qui a été atteint d’au moins deux balles, signale-t-il demandant justice lui aussi pour le juge instructeur.
Le juge Joseph est décédé le 11 juillet d’un accident vasculaire cérébral selon le personnel médical de l’hopital Bernard Mews de Port-au-Prince, où il a été admis.
Il aurait subi deux jours plus tôt des pressions de la part du président Michel Martelly et du premier ministre Laurent Lamothe pour se rétracter dans l’instruction d’un dossier de plainte contre la famille présidentielle pour corruption présumée. [em kft gp apr 24/07/2013 00:45]