P-au-P, 19 juil. 2013 [AlterPresse] --- La Solidarité des femmes haïtiennes (sigle créole Sofa) et le parti Rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp) condamnent les déclarations du président Michel Martelly concernant le décès soudain du juge d’instruction Jean Serge Joseph, dans deux notes séparées transmises à AlterPresse ce 19 juillet.
Martelly et Laurent Lamothe, le premier ministre, auraient menacé le juge Joseph, en charge du dossier de corruption contre la famille du président, d’après des confidences qu’il aurait faites avant de mourir le samedi 13 juillet 2013.
Le jeudi 18 juillet 2013, Martelly a déclaré qu’il ne connaissait pas le juge, ne l’a jamais rencontré et encore moins prit part à la réunion, qui, aux yeux de ses proches et amis, a conduit à son décès brutal le 13 juillet.
Le président a profité pour dénoncer « un montage » visant à discréditer son gouvernement. Il a aussi fait état de son immense fortune et des largesses dont il peut se permettre envers ses enfants.
Pour Sofa, ces déclarations « ne cadrent pas avec les principes de sérénité, de sang froid, qu’exigent sa fonction » de président.
Tout en appelant à une enquête, Sofa dit déplorer la façon, dont Martelly a choisi d’approcher les différents scandales qui secouent son entourage.
Ces scandales sont aussi signalés par le Rdnp.
La note, qui porte le nom de Mirlande Hippolyte Manigat, adversaire de Martelly lors de la dernière présidentielle de 2010 et de 2011, qualifie les justifications du président de « déclarations intempestives qui traduisent (son) arrogance, (son) insolence, (son) mépris des convenances les plus élémentaires et (son) irresponsabilité ».
Selon des proches et amis du juge, celui-ci aurait eu une rencontre, notamment avec le président Michel Martelly et Laurent Lamothe le 11 juillet, soit deux jours avant qu’il ne succombe à un accident vasculaire cérébral (Avc).
Un Avc, avancé comme cause de la mort par des médecins de l’hôpital qui l’a reçu.
L’un de ces médecins s’est affiché avec un bracelet rose, symbole du pouvoir en place.
Ce détail et d’autres ne font que « renforcer [les doutes] quant aux véritables causes du décès de Me Joseph », s’inquiète le Rdnp.
Par ailleurs, le conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) a déjà entendu des magistrats ainsi que le doyen du tribunal civil de la capitale, Raymond Jean Michel. Celui-ci, selon plusieurs témoignages, aurait amené le juge Joseph à la réunion du jeudi 11 juillet.
A L’Estère, commune de l’Artibonite, d’où est originaire le magistrat défunt, des heurts ont éclaté entre des manifestants et la police lors d’un mouvement de protestation, faisant cinq blessés par balles.
Sofa appelle à des mesures contre les autorités policières ayant donné l’ordre aux agents de tirer sur la population de l’Estère. [kft rc apr 19/07/2013 14:25]