P-au-P, 18 juil. 2013 [AlterPresse] --- L’office de la protection du citoyen et de la citoyenne (Opc) réaffirme l’indépendance de la magistrature suite à la mort jugée suspecte du juge Jean Serge Joseph, alors que le chef de l’Etat, Michel Martelly dément tout lien avec un éventuel incident ayant supposément conduit au décès du magistrat.
Le juge d’instruction Jean Serge Joseph enquêtait sur la plainte déposée contre l’épouse et le fils ainé du président Martelly pour corruption présumée. Plusieurs de ses proches affirment qu’il aurait subi des pressions de la part de Martelly, du premier ministre Laurent Lamothe en compagnie d’autres autorités judiciaires, seulement deux jours avant sa mort.
Les médecins de l’hôpital Bernard Mevs, où il a expiré le 13 juillet, indiquent qu’il a succombé à un Accident vasculaire cérébral (Avc), issue fatale du stress entre autres.
Pour l’Opc, qui a rendu public un communiqué ce 18 juillet, l’indépendance de la magistrature est une « condition sine qua non » de l’Etat de droit, érigé en priorité sous le mandat de Martelly.
« Tout magistrat doit avoir la possibilité d’agir sans restriction et sans être l’objet d’influences, d’incitations, de pressions, de menaces ou d’interventions indues directes ou indirectes de la part de qui que ce soit ou pour quelque motif que ce soit », rappelle l’Opc, institution étatique indépendante chargée de contrecarrer les abus de l’administration publique.
Jusqu’ici, l’Exécutif ainsi que le doyen du tribunal civil de la capitale, Raymond Jean Michel, ont démenti avoir participé à une quelconque rencontre survoltée du 11 juillet avec le juge défunt.
Encore ce jeudi 18 juillet, le président Martelly a évoqué une tentative de le discréditer en parlant des allégations autour de la mort suspecte du magistrat Joseph.
« Je n’étais pas à cette réunion », s’est-il défendu sur Radio Télévision Métropole, arguant qu’il ne connait pas Jean Serge Joseph.
« C’est à vous de me prouver que j’étais à cette réunion, ce n’est pas à moi de vous le prouver », ajoute-t-il, tout en avançant son emploi du temps comme éventuelle preuve qu’il n’était pas à la fameuse rencontre du 11 juillet.
Si ces déclarations laissent planer encore plus de doutes en raison de leur véhémence, elles ne semblent pas ébranler certaines organisations de défense de droits humains appelant le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) à ouvrir une enquête. Le Cspj a convoqué plusieurs magistrats ce 18 juillet.
Le Senat et la chambre des députés ont chacun institué une commission pour faire la lumière sur le dossier. Entretemps, l’avocat et ami du défunt, Samuel Madistin a écrit au parquet pour lui demander d’embrasser cette dynamique.
Par ailleurs, le député Jules Lionel Anélus a confirmé que la dépouille du juge d’instruction a été transportée au Canada.
Jean Serge Joseph était originaire de L’Estère, commune du département de l’Artibonite, où de violentes protestations ont éclaté le 17 juillet, faisant plusieurs blessés. [kft/srh gp apr 18/07/2013 15:25]