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Haïti-Droits humains : Des organisations craignent une vague d’actes homophobes avec la manifestation du 19 juillet

P-au-P, 18 juil. 2013 [AlterPresse] --- Alors qu’un groupe, attaché au protestantisme en Haïti, entend faire une marche, ce vendredi 19 juillet 2013, dans la capitale, contre l’homosexualité, une association d’homosexuels tire la sonnette d’alarme, craignant le début d’une campagne de persécutions, apprend AlterPresse.

Le Bureau des avocats internationaux (Bai) et Courage, une association d’homosexuels haïtiens, ont tenu, le mercredi 17 juillet 2013, un point de presse, au cours duquel ils ont fait part de leurs craintes concernant la marche protestante de vendredi.

« La société doit prendre toutes les dispositions pour lutter contre la stigmatisation, pour promouvoir l’égalité des sexes », déclare Charlot Jeudy de Courage, dénonçant des « propos homophobes et anti-démocratiques » tenus par les chefs de file de la marche.

Courage et Bai ont rappelé les assassinats perpétrés contre les vodouisants, à travers les campagnes dites anti-superstitieuses, déclenchées, en 1939, sous le président Sténio Vincent (1930-1941), et qui se sont poursuivies sous le règne d’Élie Lescot (1941-1946).

En 2012, dans le département de la Grande Anse (une partie du Sud-Ouest), un groupe de personnes ont assassiné plusieurs vodouisants sous prétexte que ces derniers auraient utilisé un maléfice pour transmettre le choléra.

« Le secteur protestant sera responsable de toutes actions subies par les nôtres, parce qu’ils connaissent les crimes qui ont été commis sous l’épithète de la religion, les différentes croisades ayant coûté la vie à des millions de personnes au nom de la religion », souligne encore Charlot Jeudy.

Pour sa part, Mario Joseph signale plusieurs cas d’attaques homophobes, notamment dans la zone de Jacmel (Sud-Est) et de Saint-Marc (Artibonite / Nord), où des homosexuels ont été lapidés, battus et blessés, rapporte Bai.

L’avocat se dit indigné par une « société hypocrite ».

« Alors que certains acteurs du pouvoir en place sont des homosexuels, ils refusent de s’afficher en tant que tels, pour éviter d’être ciblés par la société », explique-t-il.

Le regroupement Courage détient actuellement 178 membres dans six chefs-lieux du pays, avec près de 60 lesbiennes. [jep kft rc apr 18/07/2013 9:10]