P-au-P, 12 juil. 2013 [AlterPresse] --- « C’est juste une coïncidence », si le lancement du controversé carnaval des fleurs est fixé au 28 juillet 2013, marquant les 98 ans de l’occupation d’Haiti par les troupes américaines, déclare la ministre de la culture, Josette Darguste.
Cette affirmation arrive, en réaction à une pétition signée par une trentaine d’écrivains, de professeurs d’université et d’artistes, demandant le report du carnaval récemment annoncé par le gouvernement.
Les pétitionnaires exigent que « le gouvernement choisisse une autre date pour organiser son carnaval des fleurs ».
Rejointe par AlterPresse, Darguste explique que ce n’est « pas une question de date mais de jour et d’habitude ».
D’après la ministre, l’idée est tout simplement d’opter pour le dernier dimanche du mois de juillet, comme c’était le cas l’an dernier.
Reproduit, en 2012, par l’actuelle administration politique de Joseph Michel Martelly, le carnaval des fleurs, qui existait sous la dictature de Jean-Claude Duvalier (1971 - 1986) doit se dérouler les dimanche 28, lundi 29 et mardi 30 juillet 2013, autour du thème « yon ayisyen, yon pye bwa (une Haïtienne / Un Haïtien, un arbre) ».
Pour les autorités, il s’agit de faire « revivre une tradition ... » et offrir « l’occasion de mettre en relief toute la richesse et la diversité » du pays, en ce qui à trait à l’environnement végétal.
Mais les signataires de la pétition estiment que lancer le carnaval en cette date, c’est « cracher sur la mémoire du peuple haïtien ».
Publiée le mercredi 10 juillet 2013, la pétition est une manière de combattre l’ignorance et l’indignité puis de perpétuer la mémoire de celles et de ceux qui ont combattu l’invasion des marines américains.
Parmi les 31 signataires : Evelyne Trouillot, Georges Castera, Fritz Deshommes, Lyonnel Trouillot, Michel Philippe Lerebours, Ketly Mars, Rodney Saint-Eloy, Jhon Picard Byron et Jean Lhérisson.
Les pétitionnaires appellent les médias à organiser et à diffuser des émissions de réflexion et d’éducation de la population, en ce qui a trait aux causes et conséquences de l’invasion américaine du 28 juillet 1915.
Les médias devraient également inciter les citoyennes et les citoyens à réfléchir sur la situation actuelle du pays.
Entre-temps, les préparatifs se poursuivent pour la réalisation du carnaval aux dates prévues, indiquent les autorités gouvernementales.
La ministre du tourisme Stéphanie Balmir Villedrouin estime que c’est au comité d’organisation du carnaval de décider par rapport à la demande des protestataires.
Contacté par AlterPresse, le chanteur-député Gracia Delva, président de la commission de la culture à la chambre basse, n’a pas voulu réagir. [srh gp apr 12/07/2013 16 :22]