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6 Juillet 2013 : Journée internationale des coopératives

Haiti : « L’inter-coopération pour développer des coopératives fortes dans tous les secteurs de l’économie haïtienne »

Par Nonais Derisier Saincelair*

Soumis à AlterPresse le 3 juillet 2013

Le samedi 6 Juillet 2013, les coopérateurs du monde entier célèbrent la journée internationale des coopératives. L’ACI, Alliance Internationale des Coopératives a retenu pour cette journée le thème suivant : « La coopérative, une entreprise qui reste forte en temps de crise ». L’ACI a fait choix de ce thème pour faire ressortir l’avantage et la capacité de résilience du modèle entrepreneurial coopératif. L’ACI démontre que ce modèle est le meilleur qui existe pour sa durabilité économique, sociale et environnementale.

« Les modèles d’entreprises détenus par leurs investisseurs accordent plus d’importance aux retours financiers ». Ils sont attirés par les gains à court terme et ont tendance à privatiser les bénéfices et à socialiser les pertes, affirme l’ACI dans son message pour la journée internationale des coopératives de l’année 2013 ». Ce modèle souffre « actuellement d’une crise de non durabilité économique, sociale et environnementale », d’après l’ACI.

Le modèle coopératif est, lui, caractérisé par sa viabilité à long terme. Il est intéressé aux besoins humains. Il a démontré à plusieurs reprises qu’il est résistant en temps de crise. C’est un modèle qui marche, encore et toujours, selon l’ACI.

S’inspirant du thème de l’ACI, nous proposons un thème national pour les coopératives haïtiennes qui célèbrent la journée internationale du 6 Juillet 2013 : « L’inter-coopération pour développer des coopératives fortes dans tous les secteurs de l’économie haïtienne ».

L’objectif est de renforcer les liens et la coopération entre les coopératives quel que soit leur type pour contribuer à la création et au développement de coopératives dans tous les secteurs de l’économie haïtienne.

En effet, en Haïti, le mouvement des coopératives souffrent d’un manque de lien formel ou de partenariat entre les différentes formes de coopératives. Il n’y a pas assez de lien entre le secteur financier et le secteur productif du mouvement coopératif. L’inter-coopération est faiblement développée entre les caisses. Elle l’est encore moins entre les caisses et les autres formes de coopérative. Par ailleurs, les caisses populaires ont connu un développement intéressant pendant ces quinze dernières années. Elles ont pignon sur rue. Mais les autres formes de coopératives n’ont pas suivi cette lancée. Il n’y a pas ou presque pas de coopérative de transport, de consommation, d’assurance, de logement…

Les caisses sont plus d’une centaine et desservent près de cinq cent mille sociétaires. Elles donnent du travail à des milliers d’employés et gèrent plus d’un milliard de gourdes de crédit. Elles sont les premières à faire du crédit agricole, les premières à permettre à des petits fonctionnaires d’avoir un terrain ou une maison. Cependant les caisses populaires ne suffisent pas pour répondre à tous les besoins d’un coopérateur, d’une coopératrice. Il nous faut des coopératives dans toutes les activités de la vie économique pour satisfaire les besoins multiples des sociétaires. Il nous faut des coopératives de travailleurs, des coopératives de transport, des coopératives scolaires, des coopératives funéraires, des coopératives de consommation... Celles-ci ont été louées par l’ACI dans son message de cette année pour « leur capacité à offrir des produits alimentaires et autres produits essentiels aux consommateurs à un moindre prix, à l’heure où les portefeuilles personnels subissent des cures d’amaigrissement, voire disparaissent ».

Qu’est-ce qui empêche aux sociétaires des caisses populaires d’avoir leurs propres magasins coopératives pour acheter leurs produits alimentaires et leurs produits de première nécessité, d’avoir leurs pharmacies pour acheter leurs médicaments, leurs boulangeries pour acheter du pain, leurs assurances pour se prémunir des risques de la vie, leurs écoles pour former leurs enfants ?

Les caisses populaires doivent être à l’avant-garde de ce nouvel élan coopératif. Elles doivent contribuer à la création, au développement et au financement des coopératives de consommation. La loi doit aussi autoriser les Caisses à créer des filiales, comme les banques, pour répondre aux besoins de leurs membres. Ces derniers doivent avoir l’opportunité d’acheter dans leur propre magasin des produits de meilleure qualité et probablement à moindre coût. Le gâteau sur la cerise : ils partageront les profits au prorata des transactions effectuées.

Le mouvement des coopératives souffrent aussi de représentativité. Il existe certes des unions et des fédérations sectorielles et régionales. Mais, il n’y a pas de structures nationales regroupant toutes les formes de coopératives. Il est donc nécessaire d’aboutir à la Création d’une Alliance Nationale des Coopératives haïtiennes (ANCH) à l’instar de l’ACI. Cette alliance aura pour mission de défendre les intérêts des coopératives en générale et fera de la promotion pour la création et le développement de toutes formes de coopératives en Haïti pour satisfaire les besoins multiples des coopérateurs et coopératrices. Elle travaillera aussi pour doter le pays d’une politique nationale de coopération. Ainsi, pourrions-nous aboutir à un mouvement coopératif en Haïti aussi fort en temps normal qu’en tant de crise, comme le constate l’ACI sur le plan international.

L’union fait la force ! Vive la coopération ! Vive l’inter-coopération ! Vive Haïti, une république sociale, solidaire et coopérative !

* Economiste

Contact : nderisiers@yahoo.fr