Español English French Kwéyol

Haïti : La MINUSTAH assume dans un contexte d’insécurité grandissante

P-au-P., 25 juin. 04 [AlterPresse] --- Le chef de la Force Multinationale Intérimaire, le général américain Ronald Coleman, partira d’Haïti avec le sentiment que la MIF a « ramené la paix » et « apaisé les craintes de la population haïtienne », selon ce qu’il a affirmé ce 25 juin à Port-au-Prince.

Coleman intervenait dans le cadre d’une cérémonie de transfert d’autorité entre la Force Multinationale intérimaire et la Mission des Nations Unies pour la Stabilisation en Haïti (MINUSTAH).

Comme pour le conforter dans ses propos, le Premier ministre haïtien Gérard Latortue lui a remis une plaque avec l’inscription « Honneur et Mérite ». Une distinction étendue également à un officier français, canadien et chilien au nom de leurs contingents respectifs.

Tout en comblant d’éloges la force internationale sortante, Gérard Latortue regrette une recrudescence de la criminalité dans la capitale et dans certaines villes de province ces derniers jours. Il voit dans ce climat d’insécurité grandissante la main de l’ancien président Jean Bertrand Aristide. Celui-ci « ne sait que détruire », a-t-il renchéri.

Ce 24 juin, 18 heures 30 (heure haïtienne), le directeur local de la compagnie aérienne française Air France, Didier Mortet, a été abattu (par balles) par trois individus à moto qui le suivaient de l’aéroport international Toussaint Louverture de Port-au-Prince jusqu’à son domicile à Musseau, à proximité de la Primature, le siège du gouvernement haïtien.

La police haïtienne n’a voulu écarter aucune possibilité après cet assassinat. Selon les hypothèses envisagées, il peut être lié à « une tentative d’enlèvement, un règlement de comptes ou une volonté de déstabiliser un pays en reconstruction ».

La chambre franco-haïtienne de commerce, dont Didier Mortet était membre, a, par l’organe de son nouveau président Pierre Emile Rouzier, estimé troublant le fait que cet assassinat intervient la veille de la passation de flambeau entre la force multinationale intérimaire (MIF) et la mission de stabilisation des Nations Unies pour Haïti (MINUSTAH).

Des rumeurs persistantes qui circulaient en Haïti ces deux derniers mois laissaient croire que des individus à la solde de l’ancien président Aristide envisageaient, à la faveur de la période de flottement qui marquerait la transition entre la MIF et la MINUSTAH, de mettre le pays sens dessus dessous.

Ces deux dernières semaines, plusieurs actions spectaculaires d’origine apparemment criminelle, selon certains secteurs, ont secoué le pays. La zone commerciale de Port-au-Prince a été partiellement ravagée par un incendie qui a éclaté dans la soirée du 22 juin.

Un incendie de moindre importance s’était déclaré le 19 juin dernier à la rue bonne foi, toujours au centre-ville de Port-au-Prince.

Aux Gonaïves, le marché communal avait été partiellement consumé dans la nuit du 15 au 16 juin écoulé. Des témoins avaient déclaré à des journalistes avoir entendu des tirs avant que le feu éclate.

Le commandant des forces ONUsiennes, le général brésilien Heleno Ribeiro Pereira, prend toute la mesure de la tâche qui attend la MINUSTAH. Il reconnaît que la mission la plus difficile de celle-ci sera de réussir le processus de désarmement.

Selon certaines estimations non officielles, le régime de Jean Bertrand Aristide avait distribué à ses partisans environ vingt mille armes desquelles la force multinationale n’a récupéré que quelques centaines.

De l’autre côté, toutes les armes des anciens insurgés qui avaient combattu vivement le régime de l’ancien dictateur haïtien n’ont pas été non plus recueillies par la force internationale sortante.

Haïti compte grandement sur la MINUSTAH pour l’établissement d’un climat sûr et stable propice à la tenue d’élections démocratiques prévues en 2005, affirme le Premier ministre Gérard Latortue.

Le chef du gouvernement espère aussi l’assistance de la MINUSTAH dans la formation continue des agents de la police nationale et le désarment.

A terme, la force ONUsienne en Haïti comprendra 6 mille 700 militaires dont mille dont mille 200 brésiliens déjà sur place, mille 622 policiers et 900 fonctionnaires civils. Pour le moment, l’effectif militaire de la MINUSTAH compte 2 127 casques bleus, selon des informations communiquées à AlterPresse.

Des renforts de contingents sont attendus au cours des prochaines semaines en provenance notamment de l’Argentine, du Népal, du Pérou, de l’Uruguay et du Sri Lanka, a-t-on appris. [vs gp apr 25/06/2004 20:30]