P-au-P, 26 juin 2013 [AlterPresse] --- Alors que le collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep) va lancer une campagne de concertation, autour de l’avant-projet de loi électorale, à soumettre au parlement haïtien, le premier ministre Laurent Salvador Lamothe tient, le 24 juin 2013 des discussions avec les membres du Ctcep et des bailleurs internationaux.
Comme pour montrer que les élections sont « incontournables et prioritaires » pour son gouvernement, Lamothe annonce un décaissement de 300 millions des 600 millions de gourdes (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui) de contribution de l’État haïtien au démarrage de la machine électorale.
Le président du Ctcep, Emmanuel Ménard, le ministre de la Justice, Jean Renel Sanon, le ministre de l’intérieur et des collectivités territoriales, David Bazile, la directrice du Programme des Nations-Unies pour le développement (Pnud), Sophie De Caen, le représentant spécial adjoint du Secrétaire général des Nations-Unies en Haïti, Carl Alexandre, ont participé aux échanges sur le prochain scrutin haïtien.
« Le chef du Gouvernement a créé un groupe de travail - composé des partenaires internationaux, des représentants du bureau du premier ministre et du Ctcep - dans le but de faciliter la concrétisation immédiate des décisions et projets relatifs au déroulement des opérations électorales », informe un communiqué du bureau de communication de Lamothe.
Le mercredi 19 juin 2013, Lamothe a rendu une visite de courtoisie au local du Ctcep en vue, selon lui, de manifester son « support à l’institution électorale ».
Pourtant, plusieurs dirigeants de partis politiques ne croient nullement en la bonne volonté de l’actuelle administration politique d’organiser des élections dans le pays.
Edgard Leblanc Fils, du parti politique organisation du peuple en lutte (Opl), interprète ces sorties médiatiques de l’exécutif - relatives à d’éventuelles compétitions électorales - à une stratégie de « mettre de la poudre aux yeux de l’opinion ».
La vaste concertation, autour de la loi électorale, est appréhendée comme un habile moyen d’un Ctcep ("contrôlé par l’exécutif") de « faire passer le temps ».
L’Union européenne sera très déçue « si les élections ne se tiennent pas à temps », a déclaré, dans la presse, Javier Nino Perez, ambassadeur de l’Ue en Haïti.
Des parlementaires ont aussi élevé la voix pour exiger le respect de l’échéance électorale avant la fin de l’année 2013.
Certains dénoncent un « plan macabre » de l’exécutif, qui viserait à dissoudre le parlement, convoquer une assemblée constituante appelée à monter une « Constitution de toutes pièces », en vue de favoriser une réélection indéfinie à la présidence de la république.
Le député Fritz Gérald Emmanuel Bourjolly a même menacé de prendre les armes, si les élections ne sont pas tenues et s’il existe un dessein de dissoudre le parlement.
Les élections sénatoriales et des collectivités territoriales devraient avoir lieu depuis le mois de novembre 2011.
Un communiqué de la présidence, relatif à une téléconférence entre le président Joseph Michel Martelly et le vice-président des États-Unis d’Amérique, Joseph Biden, a paradoxalement omis d’évoquer le vœu étasunien pour la réalisation des élections d’ici la fin de 2013 en Haïti. [efd kft rc apr 26/06/2013 15:20]