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Haïti-Droits humains : Une insécurité humaine caractérisée domine sous Martelly, selon le Rnddh

P-au-P, 21 juin 2013 [AlterPresse] --- Le rapport sur la « situation générale des droits humains dans le pays au cours de la deuxième année de présidence de Michel Joseph Martelly » du Réseau national de défense des droits humains (Rnddh), publié le 18 juin 2013, est peu flatteur pour ce pouvoir qui dit faire de l’Etat de droit l’une de ses priorités.

Pour Rnddh, le tableau est « peu reluisant et reflète une insécurité humaine caractérisée, ponctuée de menus travaux que le gouvernement Martelly/Lamothe (sic) essaie tant bien que mal de relier à ses trop nombreuses promesses de campagne ».

Ce rapport estime que les droits sociaux et économiques de la population haïtienne ont été « constamment et systématiquement violés » de 2012 à 2013.

Les actions du pouvoir et ses « longs discours » concernant la réalisation des droits à la santé, au logement, au travail, à un environnement sain n’ont pas su combler les espoirs des Haïtiennes et Haïtiens.

Il semble que les programmes sociaux évoqués en permanence comme signe de fierté par le pouvoir ne relève que du domaine de l’assistance de spectacle.

Au niveau du Programme de scolarisation gratuite et obligatoire (Psugo), le pouvoir fait la guerre des chiffres et inclue même des élèves des lycées et des écoles nationales déjà scolarisés parmi les 1 million 21 mille 144 enfants bénéficiaires, rapporte Rnddh.

Le 3 avril 2013, Martelly déclare avoir déjà créé 400 mille emplois sur le marché du travail haïtien. Ce qui n’a pas manqué de soulevé des doutes. Vertement critiqué et démenti même par des parlementaires, « le Président n’a pas essayé de justifier ce chiffre. Il se contente de ne plus en parler ».

Insécurité et criminalité

Le nombre de personnes ayant perdu la vie dans des actes de violence au cours de la deuxième année de Martelly au pouvoir est inquiétant. Le Rnddh dénombre 1041 morts dont 1016 dans la capitale.

Certaines parmi ces victimes sont tuées par balle ou à l’arme blanche. D’autres ont été lynchées ou dilapidées.

Les accidents de la circulation ont eux aussi apporté leur lot de douleurs dans les familles haïtiennes. 41 accidents de la route, 149 morts, dénombre le Rnddh.

« L’insécurité et la criminalité se transforment aujourd’hui en violences structurelles à cause de l’indifférence et du mépris des autorités étatiques. Par ricochet, le droit à la vie qui constitue le fondement des droits de l’Homme est constamment violé par l’Etat », se plaint l’organisation de défense des droits humains.

Des incendies ont aussi marqué la deuxième année de la présidence de Martelly. Des marchés partent en fumée à répétition. Rnddh en liste quelques-uns.

18 juin 2012 et la nuit du 12 au 13 juillet, ont été fatals pour le marché du port. Des millions de gourdes de marchandises sont partis dans les flammes.

Le marché informel se situant entre Delmas 31 et 33 a connu son sinistre également dans la nuit du 17 au 18 octobre 2012.

Dans la nuit du 5 au 6 juin 2013, un incendie a réduit en cendres sur le marché de Tabarre. Des centaines de commerçantes et de commerçants en ont payé le lourd tribut.

Même le parc La Visite a rejoint cette liste macabre dans la nuit du 25 au 26 juillet 2012.

Des recommandations

« Protéger les citoyens contre l’insécurité généralisée qui sévit dans le pays ; Protéger les citoyens contre les accidents de la circulation et porter les conducteurs à respecter les règles de conduite automobile » sont parmi les recommandations en vue de respecter le droit à la vie.

Rnddh exige du pouvoir également la réalisation des élections sénatoriales partielles, municipales et locales.

A date, quatre circonscriptions électorales ne sont toujours pas représentées à la chambre des députés malgré les recommandations de la commission de la chambre basse votées le 14 mai 2012.

« Rendre le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) indépendant en lui fournissant les moyens de fonctionnement ; Porter le Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique à procéder au transfert de compétences au Cspj », poursuit l’organisation de défense.

A coté de l’appel à la réalisation des droits économiques et sociaux du peuple haïtien, le réseau invite l’actuelle administration politique à « lutter effectivement contre la corruption qui gangrène le pays ».

Le Rnndh constate amèrement que des personnes impliquées « dans l’enrichissement illicite, le blanchiment des avoirs et le pillage des deniers publics » parcourent librement les rues.

Le 4 juin 2013, le sénateur Annick François avait accusé le gouvernement de Laurent Lamothe de « blanchiment d’argent » à la tribune du Sénat lors de sa convocation. [efd kft 21/06/2013 12 :00]