Correspondance Shella Chauvette
Belladère, 18 juin 2013 [AlterPresse] --- Les activités commerciales ont été paralysées, le lundi 17 juin 2013, au point frontalier de Belladère (frontière commune avec Commendador / Elias Piña, République Dominicaine), suite à l’interdiction des soldats dominicains de laisser entrer les commerçantes et commerçants haïtiens au marché binational, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Cette situation a entraîné une tension au niveau du portail frontalier.
Des pierres ont été tirées côté haïtien, en réponse aux bousculades des soldats dominicains.
« Si le gouvernement haïtien était sensible aux besoins de son peuple, les Dominicains ne pourraient pas, aujourd’hui, nous infliger de telles humiliations », se plaint Yvette Jean-Baptiste, une commerçante.
Commerçantes et commerçants ont dû rebrousser chemin, avec leurs marchandises, non sans quelques protestations contre les insultes essuyées de la part de leurs voisins dominicains.
La fermeture de la partie frontalière de Belladère (avec Commendador / Elias Piña), par les Dominicains, n’est pas sans lien avec la décision du gouvernement haïtien d’interdire l’importation de volailles, en provenance de la République Dominicaine, sur le territoire national.
Depuis une semaine, une épidémie de grippe A(H1n1), se caractérisant par des infections respiratoires aiguës, frappe le territoire voisin d’Haïti. Des décès, dus à ce type d’infection respiratoire, ont été signalés.
5 cas de grippe A(H1n1) ont été enregistrés à Anse-à-Pitres, frontière commune avec Pedernales.
Jusqu’ici, aucune preuve n’est venue infirmer les dangers pour la santé des Haïtiennes et Haïtiennes.
En dépit de la décision récente du ministère du commerce haïtien de limiter l’interdiction aux produits carnés, la grogne soulevée en République Dominicaine demeure intacte.
Les marchandes et marchands haïtiens, qui traversent la frontière, chaque jour de marché, vivent principalement du commerce et de l’agriculture.
Au sujet de ce qui s’est passé, le lundi 17 juin à la frontière Belladère / Commendador, ils pointent l’irresponsabilité de l’État qui n’a pas mis des structures appropriées pour faciliter les échanges commerciaux entre les deux peuples.
« Si l’État haïtien nous avait donné des structures adéquates, pouvant faciliter la vente de nos produits agricoles, nous aurions échappé à ces humiliations », affirme Cancier Léonard, un agriculteur.
Sur la frontière de Cañada-Miguel (frontière haïtienne commune avec Hondo Valle, non loin de Savannette), un montant élevé de taxes est imposé par les autorités dominicaines aux usagers, selon qu’ils ont, ou non, quelque chose en main.
Celles et ceux, qui ont les mains vides, paient 10.00 pesos dominicains (1 peso dominicain = G. 1.15 ; US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes).
Si quelqu’un traverse la frontière avec un animal, il doit verser 50.00 pesos, selon les informations fournies par le groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr).
Compte tenu de ces dérives, le Garr préconise un accord commercial, fixant les règlements des échanges à la frontière, afin d’éviter les conflits. [sc kft rc apr 18/06/13 13:20]