Español English French Kwéyol

Haïti-Musique : Wyclef Jean lance un nouveau test pressing, dévoilant rancœur et désir de renouer avec sa terre natale

P-au-P, 18 juin 2013 [AlterPresse] --- Le chanteur de hip hop, d’origine haïtienne, Wyclef Jeannelle Jean, règle ses comptes, sous forme de reproches dissimulés, avec plusieurs personnes - dont le président Joseph Michel Martelly, l’ancien président étasunien William Jefferson (Bill) Clinton -, tout en annonçant son retour dans la mère-patrie, dans un test pressing, titré en Créole « Yon lèt pou Ayiti / une lettre à Haïti », dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.

« Allons-y, dialoguons. Haïti, ma chérie, cela fait longtemps qu’on n’a pas conversé… Quoi de neuf, chérie ? », commence Wyclef Jean, qui parle à l’Haïti qu’il a connue au cours de ses quelques voyages.

Cette lettre pour Haïti annonce un Mix tape, c’est-à-dire une prochaine compilation de chansons de l’artiste pour le mois de juillet 2013.

Dans ce morceau, Wyclef Jean multiplie les reproches à l’encontre de certaines personnalités, dans le pays de son enfance, et exprime une sérieuse déception.

« Chérie, tu es amnésique : avant le tremblement de terre, c’est moi qui avais amené Hollywood te visiter », chante la superstar.

L’ancien chanteur du groupe Fugees ne manque pas de citer, en guise de rappel, les noms de différents acteurs et actrices du cinéma américain ayant séjourné en Haïti sur sa demande.

De ses gestes philanthropiques à ses actions politiques, ce natif de la Croix-des-Bouquets (commune du nord-est de la capitale haïtienne), âgé de 43 ans (il est né le 17 octobre 1969) et ayant émigré à 10 ans aux États-Unis d’Amérique, n’hésite pas à surenchérir.

« J’ai envoyé tes enfants à l’hôpital, financé, avec de fortes sommes, de petites affaires. Chaque semaine, je te donnais de l’argent pour des funérailles, car tu avais toujours des morts », affirme Wyclef Jean.

Il rappelle aussi les négociations qu’il avait engagées, avec des bandes armées, dans des banlieues de la capitale, notamment Cité Soleil, après le départ forcé pour l’exil de Jean-Bertrand Aristide en février 2004.

« J’avais risqué ma vie pour venir te servir, en 2005. Tu m’avais choisi pour aller négocier pour toi dans les ghettos », dévoile-t-il.

Dans cette partie du texte, Wyclef Jean cite les noms des chefs de gangs qu’il avait rencontrés à l’occasion.

Cette démarche lui aurait valu de nombreuses suspicions à l’époque.

Wyclef Jean semble également regretter son expérience malheureuse, dans les dernières élections présidentielles de fin 2010 et de début 2011, sa candidature ayant été rejetée par le conseil électoral de l’époque.

« J’ai fait des sacrifices », déclare le chanteur, évoquant même un contrat qu’il aurait perdu avec la multinationale japonaise de fabrication de matériels électroniques et de production audiovisuelle, Sony.

Le texte évoque ses relations, avec l’actuel président Michel Martelly, vainqueur de ces élections "controversées", qu’il dit avoir « introduit » auprès de l’ancien président étasunien William Jefferson (Bill) Clinton et d’amis entrepreneurs.

D’autres faits sont glissés dans cette lettre, comme les récentes prestations de la sélection haïtienne de football face à l’Espagne, le samedi 8 juin 2013, score (1-2) et le match nul face à l’Italie (2-2), le mardi 11 juin 2013.

« Haïti, allons-y, 2030 », lance-t-il, reprenant un slogan de l’après 12 janvier 2010, et cher au gouvernement de Laurent Salvador Lamothe qui rêve d’un pays émergent d’ici l’année 2030.

Pour finir, Wyclef Jean promet de revenir en Haïti, avec un plan qu’il aurait déjà écrit, mais sans détailler celui-ci.

« (…) un temps je reviendrai (…) j’ai écrit un plan, et c’est de cette seule manière que je pourrai t’aider ». [srh kft rc apr 18/06/2013 09:45]