Correspondance Ronel Odatte
Hinche, 17 juin 2013 [AlterPresse] --- Plus de 800 personnes sont sinistrées et des centaines de maisons inondées à Hinche, notamment dans les quartiers de Couette-Sully, de Schépa, de Cité Nolas et de la Cité du Peuple, dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 juin 2013, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Un nombre de 873 personnes, évacuées dans quatre (4) abris provisoires, dénoncent leurs conditions difficiles et précaires, en dépit de l’intervention des agences gouvernementales et non gouvernementales, incapables de satisfaire les demandes en aide alimentaire, constate AlterPresse ce lundi 17 juin 2013.
Dans ces abris provisoires, plusieurs personnes, dont des fillettes, se plaignent d’un manque de nourriture et d’eau.
Le bilan pourrait s’alourdir, craint une source proche du bureau de la protection civile, précisant que les comités des 4 sections communales de Hinche n’ont pas encore transmis leurs derniers rapports.
Plusieurs personnes déplacées ont décidé de retourner chez elles, dans des conditions sanitaires encore critiques, parce que la situation dans les centres d’hébergement ne leur convient pas.
« Vivre à la merci des autres est un cauchemar pour moi. Ce qui m’intéresse, c’est d’avoir un logement décent où je n’aurai plus à m’inquiéter », fait valoir une mère de deux enfants.
Les familles sinistrées souhaitent retourner chez elles dans le plus bref délai, selon les témoignages recueillis par AlterPresse.
Les inondations ont commencé très tôt à l’aube du samedi 15 juin 2013.
Les résidentes et résidents, de divers quartiers, ont été surpris, en plein sommeil, par le déferlement de la rivière Guayamouk (une déformation de l’expression espagnole "Agua mucho").
Les inondations, dans la nuit du vendredi 14 au samedi 15 juin 2013, ont causé de graves pertes à l’agriculture et aux infrastructures routières.
Plusieurs têtes de bétail ont été emportés, de vastes plantations de maïs et de pois, ainsi que d’autres cultures ont été ravagées.
A l’entrée de la ville de Hinche, sur la route nationale # 3, les rivières GuayamouK et Hinquitte ont saccagé de vastes plantations de maïs et de haricots.
Les tronçons de route Hinche-Colladère/Cerca-Cavajal et Hinche-Papaye sont également sérieusement endommagés.
Des ressources auraient été mobilisées par le bureau départemental de la protection civile (Dpc) en vue d’éviter des pertes en vie humaine.
Dans un rapport publié le samedi 15 juin, la coordonnatrice de la Dpc, Raymonde Jourdain, a fait état d’un bilan provisoire de 373 familles évacuées.
Pour la responsable, cela n’a pas été facile de procéder à l’évacuation de personnes en danger, à cause de l’incrédulité de certaines sinistrées qui ont refusé de partir.
Les personnes réfractaires ont déclaré redouter, en leur absence, la visite inopportune de voleurs dans leurs maisons.
« Certaines personnes préfèrent nous ignorer et même nous lancer des pierres, au lieu d’abandonner leurs maisons (vulnérables) », déplore Jourdain.
Lors des inondations de l’aube du 15 juin, de nombreuses personnes sinistrées sont restés des heures sur le toit de leurs demeures ou à côté.
Des membres de la police nationale départementale et des agents de la force des Nations Unies étaient à pied d’œuvre, depuis la nuit de samedi 15 juin, pour sécuriser les opérations de secours et éviter tout acte répréhensible.
Le ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle et un des agents exécutifs intérimaires dans la municipalité de Hinche, respectivement Vanneur Pierre et Philippe Emmanuel, ont procédé, le dimanche 16 juin 2013, à une distribution de kits alimentaires et hygiéniques dans les zones sinistrées.
Toutefois, les habitantes et habitants des quartiers sinistrés vont prendre du temps avant de retourner au bercail à cause de la gravité de la situation, anticipe l’infirmière Astride Dervilus, membre du bureau exécutif de la ligue pour la défense et le respect des droits humains au Plateau central.
« Les maisons sont bourrées de détritus et de boue. Elles sont considérablement endommagées, l’eau est polluée. Comment peut-on les laisser partir aussi vite ? », s’interroge-t-elle.
Le même scénario de détresse s’est déjà produit, en 2008 à Hinche, lorsque les eaux en crue de la rivière Guayamouk ont envahi plus de mille maisonnettes, laissant des centaines de personnes sinistrées après leur passage.
La rivière GuayamouK (débit moyen annuel : 17.9 mètres cube par seconde) est formée par la réunion, entre autres, des rivières Canot, Bouyaha, Rio Frio, Hinquitte, Samana, la rivière de Thomonde et la rivière l’Océan, la rivière de Boucan Carré des Capucins, Gascogne, le Fer à Cheval.
Depuis le début du mois de mai 2013, les pluies n’ont pratiquement pas cessé sur le département du Centre. [ro kft emb rc apr 17/06/2013 11:35]