Correspondance Pénia Bonicet
Anse-à-Pitres, 14 juin 2013 [AlterPresse] --- « Je venais de vendre des vêtements usagés à Marigot. Alors que je rentrais à la maison vers les 5:00 am (9:00 gmt), un jeune homme armé m’a demandé ma valise, dans laquelle j’avais environ 25 milles gourdes » (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui).
Ce témoignage de Syndi Gabriel, une commerçante qui vit à Anse-à-Pitres, reflète la situation, à laquelle sont confrontés, depuis mars 2013, les habitantes et habitants de la commune, située non loin de la frontière dominicaine de Pedernales.
Le centre-ville ainsi que la deuxième section communale, Bois-d’orme, sont les zones privilégiées des bandits.
« J’ai contracté des prêts à la banque pour mener cette activité. Ce voleur m’a laissée sans rien. Je ne sais quoi faire pour répondre aux exigences de mes 4 enfants », ajoute Syndi Gabriel.
Chaque lundi et jeudi, qui sont deux jours d’activités commerciales à Anse-à-Pitres, les rôdeurs se placent au bord de la mer, pour espionner les commerçantes et commerçants qui viennent vendre des marchandises dans le port de Marigot.
Ces derniers ne sont pas les seules victimes. Les détaillantes et détaillants, eux aussi, sont rançonnés par les malfaiteurs.
« Ce lundi 10 juin 2013, vers 6:00 am, j’ai laissé la chaudière de nourriture sur le feu pour aller acheter quelque chose. A mon retour, la chaudière de nourriture, mes assiettes, mes chaises, tout a été emporté par les voleurs », rapporte Lucienne Pierre, une petite restauratrice.
« J’ai 26 ans dans cette activité. C’est pour la première fois je suis victime de tels actes de banditisme », déplore cette marchande de manje kuit.
Les actes d’insécurité sont, pourtant, nouveaux dans le paysage de cette petite commune du Sud-Est, qui compte 25 à 30 mille habitantes et habitants.
Les incidences du tremblement de terre du 12 janvier 2010 ne seraient pas étrangères à cette nouvelle préoccupation pour les habitantes et les habitants de Anses-à-Pitres, où des bandits se seraient réfugiés à la faveur du désastre.
Les chauffeurs de motos-taxis sont, eux aussi, terrorisés par des bandits.
« Ce matin, au marché binational, j’ai garé la moto pour aller prendre une boîte de marchandises pour un client. De retour, je n’ai trouvé aucune trace de la moto », explique Berthony Jean-Baptiste.
« Je suis chauffeur de taxi-moto depuis 8 ans (2005). C’est cette activité qui me permet de répondre aux besoins de ma famille », relate Jean-Baptiste.
La situation est aussi difficile dans la deuxième section communale Bois- d’orme.
« Deux jeunes garçons armés sont venus chez moi, le vendredi 7 juin 2013. Ils ont emporté 35 mille gourdes en liquide et d’autres objets que je ne peux pas énumérer », déclare une épicière.
L’effectif de la police nationale d’Haïti (seulement 3 agents, depuis le début des années 2000) est carrément insuffisant pour protéger et servir une population de la taille de plusieurs dizaines de milliers de personnes.
Interrogée par AlterPresse, sur la multiplication des cas d’insécurité à la frontière d’Anses-à-Pitres / Pedernales, l’Association des marchandes d’Anse-à-Pitres (Ama) demande instamment d’augmenter la présence policière, de renforcer la surveillance côtière et de mettre les bandits définitivement hors d’état de nuire. [pb kft rc apr 14/06/2013 02:45]