P-au-P, 10 juin 2013 [AlterPresse] --- Le collectif des étudiants haïtiens [et étudiantes haïtiennes] en linguistique appliquée (Cehla) a marqué son premier anniversaire, le 7 juin 2013, par une série d’activités, dont la présentation d’un travail de recherche sur « le parler des jeunes de la rue du Champ de Mars » (Port-au-Prince) et une causerie sur l’expérience du Créole haïtien avec des organisations universitaires, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
La salle Pierre Vernet de la faculté de linguistique appliquée (Fla) a reçu l’évènement [1].
L’Asosyasyon kominikatè ak kominikatèz popilè (association des communicateurs et communicatrices populaires, Akp en créole) a été l’invitée spéciale du Cehla, vu qu’elle publie une revue scientifique, Lanbi Akp, produite essentiellement en Créole à la faculté des sciences humaines (Fasch).
Cehla : changer les représentations
L’organisation se veut une médiation de visibilité de la Fla, à côté de son importante mission de « réunir anciens et nouveaux de la Fla, en vue de vulgariser la discipline linguistique et réaliser des recherches scientifiques sur le Créole haïtien », indique l’étudiant Verly Sylvestre.
Toutes les activités du Cehla tendraient également à encourager le changement des représentations sociales de la langue Créole, laquelle doit être considérée comme une langue à part entière et trouver sa « vraie place dans la société haïtienne ».
Dans son discours de circonstance, le coordonnateur du Cehla, Molès Paul, a présenté un bilan des activités déjà réalisées par le collectif.
Parmi ces activités, il convient de citer la publication d’une revue « Cehla, revi lengwistik ayisyen (revue haïtienne de linguistique) », dont le premier numéro a traité de la thématique « Langue Créole et développement ».
Deux recherches sont déjà au palmarès de la jeune organisation : la première sur « les variations du Créole dans la commune de Terre-Neuve (les localités Ka-Ravin et Ka-boule) » et la deuxième sur « le parler des jeunes à la rue du Champ de Mars ».
Cette deuxième recherche a permis aux membres du Cehla de comprendre comment ces jeunes créent leur propre langage comme signe d’appartenance à une communauté (celle de la vente, récupération et réparation des pièces à la rue du Champ de Mars).
Tandis qu’ils se comprennent dans cette communauté, leur langage constitue une forme de défense face à une personne extérieure.
« Des expressions, des mots, des dictons sont créés à partir de leur réalité quotidienne. Les modes de fonctionnements des pièces de voitures sont utilisés pour caractériser des comportements humains. Leur parler regorge de ces comparaisons », souligne Sylvestre.
Des partenariats en perspective
Conscient du chemin restant à parcourir, dans la lutte pour « la promotion du Créole », malgré les avancées depuis le début des années 1980, le coordonnateur du Cehla, Molès Paul, espère la mise en place de partenariat avec d’autres institutions pour continuer ce « nécessaire combat ».
En ce sens, l’Akp et le Cehla semblent déjà sur la bonne voie.
« Lanbi Akp » et « Cehla, revi lengwistik ayisyen » sont deux tribunes concrètes, où la science parle Créole à l’Université d’État d’Haïti. [efd kft rc apr 10/06/2013 10:30]
[1] Pierre Vernet a été doyen de la Fla depuis sa création. Sa mort, dans les locaux de la Fla, à l’occasion du séisme du 12 janvier 2010, a mis fin à son décanat.