Tentative de mise en question de l’opposition démocratique par l"actuelle administration politique
P-au-P, 05 juin 2013[AlterPresse] --- Plusieurs partis politiques rejettent les objections de l’exécutif contre la loi sur la formation des partis politiques, en marge d’une journée de travail réalisée le 05 juin 2013, selon les informations rassemblées par l’agence en ligne AlterPresse.
« Il y a comme une opposition à l’idée même qu’il puisse exister (au parlement ou ailleurs, au sein des partis), dans le pays, une opposition démocratique », souligne la représentante du rassemblement des démocrates nationaux progressistes (Rdnp), Mirlante Hyppolite Manigat, par rapport aux modifications apportées, à la loi sur les partis politiques, par l’exécutif.
A cette rencontre du 05 juin 2013, des parlementaires, des représentants de l’exécutif et des organisations politiques ont eu des discussions sur cette loi - relative à la formation, le fonctionnement et le financement des partis politiques en Haïti - en vue de formuler un ensemble de recommandations qui vont être acheminées au parlement pour les suites nécessaires.
Cette séance vise aussi à contribuer à trouver un consensus, dans le but d’arriver à la promulgation, par l’exécutif, de cette loi sur les partis politiques.
Introduite au parlement, en 2010, sous la présidence (2006 - 2011) de René Garcia Préval, cette proposition de loi a été votée, en mars 2012, au sénat de la république.
Elle a également obtenu un vote favorable à la chambre des députés, le mardi 23 avril 2013, avant d’être acheminée à l’exécutif.
En mai 2013, le président Joseph Michel Martelly a fait objection à ce texte de loi, en le retournant au parlement avec de nombreuses modifications.
Sur une soixantaine d’articles de cette loi sur les partis politiques, plus d’une quarantaine ont subi des modifications alors qu’une vingtaine d’autres ont été supprimés.
A travers certaines des modifications apportées au texte, l’exécutif tente de remettre en question la nature de l’opposition démocratique en rejetant, par exemple, les procédés de formation d’un groupement politique.
D’autres objections concernent aussi le financement des partis politiques ainsi que leur formation.
Celle-ci doit être, selon l’exécutif, un acte solennel et public, contrairement au texte voté par les parlementaires.
L’ancienne candidate à la présidence, Mirlande Hyppolite Manigat, considère que l’attitude de Martelly illustre un état d’esprit, une prédisposition manifeste à ne pas tolérer l’opposition démocratique.
Il y a des articles qui sont rejetés avec un seul commentaire : « pas nécessaire », critique Hyppolite Manigat, qui qualifie certaines des objections comme simplistes et « offensantes » pour celles et ceux qui ont préparé le document.
L’exécutif aurait dû consulter les partis politiques, avant de faire les objections, s’il avait eu un peu de considérations pour eux, déplore la dirigeante politique.
Pour sa part, le président de la plateforme Libération, Serge Jean-Louis, dénonce les objections de Martelly contre ce texte de loi, lesquelles voudraient éliminer tous les privilèges régissant le fonctionnement de l’opposition démocratique.
« Cette opposition démocratique peut être exercée au niveau du parlement et à travers les organes politiques qui ne sont pas représentés au parlement », précise-t-il.
« Nous avons le droit d’être inquiets en lisant les objections du président de la république », avertit-il, dénonçant une volonté manifeste du pouvoir actuel de retourner avec un système dictatorial dans le pays.
Jean-Louis appelle les partis politiques à rejeter les objections de Martelly et invite aussi le parlement à assumer ses responsabilités par rapport à de telles objectionsi.
Outre Rdnp et la plateforme Libération, les partis Mouvement chrétien pour une nouvelle Haiti (Mochrena), et l’Alliance pour l’avancement d’Haïti (Alah) s’opposent aux objections de Martelly. [emb kft rc apr 05/06/2013 15:45]