Par Jean Élie Paul
P-au-P, 06 juin 2013 [AlterPresse] --- Un bâtiment fissuré, devenu aussi poreux qu’une vulgaire bâche malmenée par le soleil et des équipements détruits par la pluie : c’est la situation du campus Henry Christophe de Limonade , faisant partie de l’université d’État d’Haïti (Ueh), observe l’agence en ligne AlterPresse.
Cette structure, « don » controversé de la République Dominicaine à Haïti, a été construite en moins de six mois.
Sur une superficie de 60 hectares de terre, le campus Roi Henri Christophe peut accueillir jusqu’à 10,000 étudiantes et étudiants, dans ses 4 bâtiments abritant 72 salles.
Lors de son inauguration, le 12 janvier 2012 (2 ans après le tremblement de terre), le campus avait suscité ébahissement et admiration.
En 2013, les sentiments paraissent tout autres.
« Immeubles fissurés un peu partout »
Nous sommes dans le bureau du secrétaire général de l’université, Kénold Moreau.
Celui-ci décrit une situation qui, visiblement, l’inquiète.
« Les immeubles du campus sont fissurés un peu partout. Ce sont des fissures assez profondes. Mais il n’y a pas que cela : les immeubles et les toits coulent partout », explique-t-il.
Pointant le doigt vers le divan en cuir noir, sur lequel nous sommes assis, Kénold Moreau signale que « si la pluie tombait, nous serions forcés de nous déplacer, parce que l’eau coulerait comme si l’on était à l’extérieur.
« Quand il pleut, cette jolie salle, dans laquelle nous nous trouvons, coule comme une passoire. Et, ce qui est pire, ce n’est pas dans cette salle seulement : il y a des toilettes qui sont fermées à cause de leur détérioration », ajoute-t-il, non sans ironie.
Dans les laboratoires également, l’eau de pluie a déjà endommagé pas mal de matériels électroniques précieux. Sur les 72 salles, seulement une cinquantaine fonctionnent.
Même dans le bureau du président du conseil d’administration du campus, Jean-Marie Théodat, « l’eau coule en permanence », continue de déplorer le secrétaire général, Kénold Moreau.
« Le rectorat de l’Ueh avait dépêché des ingénieurs civils. Même les Dominicains avaient promis de venir réparer… Rien n’a été fait. Ils ne sont pas venus, et nous sommes en train de subir durement les intempéries ».
Tant bien que mal…
Des difficultés académiques et administratives demeurent à l’université Roi Henri Christophe, qui a commencé à fonctionner, le 19 novembre 2012, à la suite d’un concours d’entrée, réalisé avec plus de 7 mille postulantes et postulants.
Selon Moreau, l’une d’elles est que certains professeurs - travaillant depuis plus de 6 mois - n’ont toujours pas reçu leurs traitements.
Les professeurs, pour la plupart, sont installés dans des conditions difficiles.
C’est que le campus de Limonade a débuté ses activités académiques avec un personnel incomplet, « dans une boîte vide qu’on devait remplir ».
« Nous n’avions pas tous les professeurs au début. Les étudiants étaient restés, un certain temps, sans suivre de cours. Jusqu’à maintenant, nous n’arrivons pas à compléter toute l’équipe du personnel enseignant », explique Moreau.
De plus, certaines filières ne sont pas encore disponibles, à l’image des sciences de l’éducation.
D’autres restent à définir : c’est le cas, notamment, des beaux-arts. [jep kft rc apr 06/06/2013 0:05]