Correspondance Ethzard Cassagnol
Fonds-Verrettes, 04 juin 2013 [AlterPresse] --- De plus en plus l’ombre d’elle-même, la montagne La Selle, qui culmine à 2,680 mètres d’altitude (à l’est de Port-au-Prince), est devenue, depuis plusieurs années, la proie d’incendie et d’un déboisement effréné, constate l’agence en ligne AlterPresse.
Osman, Trou roche, Gros-Cheval, Pèlen chen, Béanos, Carobio, Gran plenn, Gentilhomme, Trou Dimanche, Nan zegui, sont autant de localités de cette zone, touchées par des attaques féroces contre la nature.
L’incendie des jeunes arbres, pour accaparer des terres, ne s’arrête jamais.
Les arbres sont abattus, notamment pour fabriquer du charbon de bois.
Un fourneau de fabrication de charbon, dont la durée de vie est égale au temps de la production (soit entre un à deux jours), donne au minimum 25 sacs.
Dans les fourneaux en terre, sont aussi employés de jeunes pins.
Résultat : le Morne La Selle ressemble actuellement presque à un désert, surtout à certains endroits complètement privés d’arbres.
Parallèlement, on assiste à la construction d’une grande quantité d’habitats au flanc de la plus haute chaîne de montagne du pays (plus haute que le massif La Hotte ou parc Macaya qui n’atteint que 2,347 mètres d’altitude, dans le Sud).
Une chaîne de montagne, décrétée, en février 2013, par le gouvernement Martelly/Lamothe réserve biosphère du pays, soit, en gros, une aire de promotion du développement durable.
Mais les actions tardent, semble-t-il.
En attendant, la plus grande partie des eaux - qui inondent Fonds-Verrettes (Ouest) et Mapou (Sud-Est) - vient du morne la Selle, témoignent des habitants de Fonds-Verrettes.
La présence des ravines, la sédimentation des terres agricoles et les pertes en vie humaine enregistrées à chaque intempérie, sont le résultat de l’abattage anarchique des pins, selon eux.
Par ailleurs, le déboisement dans cette zone prend des proportions grotesques, dans certains cas.
A Limon, localité de la République Dominicaine, située près de la frontière, des familles haïtiennes - vivant de la production de charbon de bois - ont vu leur avenir compromis.
Les autorités dominicaines ont, selon elles, décidé de se débarrasser, elles-mêmes, des arbres, question de remplacer tout l’espace par des cultures.
Une mauvaise nouvelle pour ces familles qui vont, en république voisine, chercher le bois pour leurs activités et qui, désormais, se tournent vers la forêt haïtienne déjà en voie de disparition. [ec kft rc apr 04/06/2013 3:50]