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République Dominicaine / Haití : situation lamentable des réfugiés haïtiens

Santo Domingo, 19 juin 04 [AlterPresse] --- Le père jésuite José Núñez, directeur du Service Jésuite aux Réfugiés / chapitre République Dominicaine et Amérique Latine, a qualifié de « lamentable » la situation des réfugiés haïtiens en République Dominicaine, à 48 heures de la journée mondiale des réfugiés le 20 juin.

Lors d’une conférence organisée ce 18 juin à Santo Domingo, le père José Nuñez a fait savoir que près d’un millier d’Haïtiens sollicitant l’asile en République Dominicaine, « sont obligés d’accepter toutes sortes de travail, à cause de l’absence de volonté politique des autorités dominicaines pour définir le statut de ces personnes ».

La majorité des réfugiés en question est arrivée illégalement en République Dominicaine avant et après la chute de l’ancien président Jean Bertrand Aristide, le 29 février 2004.

Jose Nuñez a indiqué que l’attitude de l’Etat Dominicain qui refuse de reconnaître le droit au refuge des Haïtiens qui sollicitent l’asile, viole diverses conventions internationales, dont celle de Genève de 1951, ratifiée par le pays.

La Direction Nationale de Migration « a classé dans le tiroir de l’oubli les demandes de refuge adressées par les Haïtiens, moyennant un document transitoire que les réfugiés doivent renouveler chaque deux mois », a soutenu le père Nunez.

Le Directeur du Service Jésuite aux Réfugiés a souligné que cette situation maintient les Haïtiens ayant fait la demande d’asile dans des conditions déprimantes.

Nuñez a demandé à l’Etat dominicain, à travers de la Commission Nationale pour les Réfugiés (CONARE), d’étudier avec promptitude les dossiers des demandeurs d’asile, afin de « définir le plus rapidement possible le statut légal » des Haïtiens qui se sont réfugiés en République Dominicaine lors des récents évènements politiques en Haiti.

Il en est de même pour ceux qui ont sollicité l’asile durant le régime d’Aristide. Pendant les trois dernières années, a souligné le père Nuñez, la CONARE ne s’est pas réunie pour étudier les demandes transmises par les Haïtiens en situation de refuge.

Le Service Jesuite assiste environ 500 cas de refugiés, pour la grande majorité, des Haitiens démunis, sans domiciles, sans emploi et qui n’ont pas de médicaments.

Témoignant durant la conférence, plusieurs Haïtiens ont exprimé leur frustration de se voir refuser le statut de réfugié. Emmanuel a expliqué que « ma femme a accouché en Republique Dominicaine. Les autorités dominicaines refusent de reconnaitre que sa fille est Dominicaine. Elles lui refusent la documentation legale ».

Pour sa part, Roland a indiqué que « j’ai 3 ans et demi dans le pays. Je n’ai pas été accueilli comme réfugié. C’est comme si je n’existais pas. Je n’ai pas de documents et je suis victime de discrimination de la part des autorités dominicaines.

Prenant la parole au cours de la conférence, la représentante du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (HCR), Sandrine Desamour, a estimé « délicat » le statut des réfugiés haïtiens en République Dominicaine et a condamné les autorités dominicaines pour n’avoir pas pris en considération des demandes d’asiles de dizaines d’Haïtiens.

La fonctionnaire de la HCR a averti que cette entité ne peut pas satisfaire les besoins de milliers d’Haïtiens qui vivent sans statut légal de réfugié.

Par ailleurs, le Directeur du Service Jésuite aux Réfugiés, José Núñez, a plaidé en faveur du renforcement de l’Etat haïtien et d’une aide internationale massive à Haiti. Le père Nunez a soutenu qu’Haití a besoin d’une forte injection de capitaux privés internationaux, et d’investissements provenant des Haitiens de la diaspora, pour cheminer sur la voie du developpement.

Le prêtre a invité la communauté internationale à profiter de la situation « de stabilité » que vit Haiti pour faire ses apports en matière économique.[jls gp apr 19/06/2004 00:15]