P-au-P, 20 mai 2013 [AlterPresse] --- En dépit de d’un atelier de deux jours sur l’avortement, un point de litige demeure entre les organisations féministes et les représentants des églises, apprend AlterPresse.
L’atelier, organisé par le Ministère de la santé publique et de la population (Mspp) les 14 et 15 mai à Port-au-Prince, visait à trouver un consensus de plusieurs secteurs autour d’une proposition de loi en préparation sur l’avortement.
Selon le responsable de la direction de la santé familiale du Mspp, Reynold Grand Pierre, les organisations féministes insistent pour que les femmes puissent décider ou non d’avorter, mais les églises de l’entendent pas de cette oreille.
L’avortement même en cas de viol, de malformation et de cas de risques mortels pour la mère est inadmissible, déclare le président de la commission de justice et des droits humains de la fédération protestante d’Haïti, Osner Févry, réitérant la position des représentants de l’église protestante qui, dit-il, sont des défenseurs de la vie.
Févry qui s’exprimait en marge des discussions, encourage cependant une dépénalisation de cette pratique. Il souhaite la mise en place d’un comité national d’éthique pour veiller à l’application des mesures adoptées liées à l’avortement.
Selon Reynold Grand Pierre, militantes et hommes de foi s’entendent toutefois pour l’autorisation d’un « avortement thérapeutique ».
L’interruption de la grossesse serait alors légale dans le cas de malformations du fœtus ou de risques mortels pour la mère. Les représentants des églises exigent que l’Etat veille dans ces situations à ce que des diagnostics clairement établis précèdent au choix d’avorter.
Jusqu’à présent, l’article 262 du code pénal condamne à la réclusion les personnes responsables d’avortement. Ce qui n’empêche pas cette pratique souvent risquée pour les femmes.
En Haiti, le taux de mortalité maternelle s’élève à 630 décès dont 100 proviennent des cas d’avortements pour 100 mille naissances vivantes, d’après une Enquête sur la mortalité, la morbidité et l’utilisation des services de santé (EMMUS) réalisée en 2006, rappelle le responsable du Mspp.
Pourtant, le contexte socio-culturel discriminatoire est très défavorable aux femmes qui décident de se faire avorter. Des personnes se servent même de l’avortement d’une femme pour l’injurier.
La médecine traditionnelle, moins efficace mais plus discrète, est couramment utilisée par les femmes pour provoquer un avortement.
Cependant, les femmes ne sont pas à l’abri des « charlatans » qui, eux, utilisent des méthodes à risque, comme l’utilisation de cintre pour mener l’opération.
L’atelier du Mspp a réuni des associations féministes, des organisations religieuses de diverses tendances ainsi que des experts et psychologues autour de la question. Un document réunissant les recommandations finales attend actuellement la signature des participants et participantes. [emb kft gp apr 20/05/2013 10 :10]