P-au-P, 15 mai 2013 [AlterPresse] --- La Force de réflexion et d’action sur la question du logement (Frakka en créole) proteste contre la décision prise par le président de la république, Michel Joseph Martelly, de ne pas publier dans le journal officiel, Le Moniteur, la loi sur la formation de l’Académie de la langue créole.
Les députés ont voté à l’unanimité la loi sur la création de l’académie du créole haïtien, le 23 avril 2013. Auparavant, le Sénat avait accordé à cette loi un vote positif et unanime le 10 décembre 2012.
Après le vote à la chambre des députés, Martelly a décidé de faire objection à cette loi en la retournant au parlement, évoquant le fait de n’avoir pas reçu la version française.
Dans une note transmise à AlterPresse, La Frakka souligne que la loi sur la formation de l’académie de la langue créole n’a pas besoin de version française (pour être publiée) même si l’article 5 de la constitution de 1987 reconnait que le créole et le français sont deux langues officielles du pays.
Elle explique que ces deux langues ont le même statut officiel et le créole ne dépend pas du français.
Dès 1987, la constitution haïtienne dans son article 213 [213, 214-1 dans la version amendée] a exigé la création d’une académie haïtienne avec pour mission « de fixer la langue créole et de permettre son développement scientifique et harmonieux ».
Un comité d’initiative a été formé. Il est composé de l’Université d’Etat d’Haïti (Ueh), du Ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp), du Ministère de culture, de la Secrétairerie d’Etat pour l’alphabétisation, la Faculté de linguistique appliquée (Fla) de l’Ueh, la Confédération nationale des vodouisants et vodouisantes haïtiens (Knva en créole) et la Société d’animation et de communication sociales (Saks, en créole).
« Nous savons que les macoutes (ex milice de la dictature des Duvalier) ont une haine contre la langue créole pour le rôle qu’elle a joué dans la conscientisation des masses populaires », avance Frakka. « Pour nous, cette raison cache une position politique et idéologique contre l’évolution de la langue créole. Ce qui est grave, car le président foule aux pieds le droit du peuple à une identité ».
Martelly a objecté la loi sur la formation de l’Académie de la langue créole pour défendre ses intérêts de classe, déplore l’organisme de défense des droits humains.
Frakka appelle la population, notamment les institutions et organisations populaires, à se mobiliser pour forcer Martelly à promulguer dans le journal officiel, Le Moniteur, la loi sur la création de l’académie de la langue créole. [emb kft gp apr 15/05/2013 13 :55]