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HaïtiWebdo semaine du dimanche 5 au samedi 11 mai 2013

Haïti-Conjoncture : A la veille des 2 ans de Martelly au pouvoir

P-au-P, 13 mai 2013 [AlterPresse] --- Alors que l’Exécutif mise sur les prochaines élections pour rafler les 6,606 postes électifs, la démonstration de popularité et la sortie médiatique de l’ancien président Jean-Bertrand Aristide viennent mettre un bémol fracassant.

Joseph Michel Martelly, qui multiplie les déplacements à l’intérieur du pays, deux ans après son arrivée au pouvoir, compte beaucoup sur ce scrutin législatif et local à venir, au moment où sa majorité à la chambre basse chancèle.

La rhétorique du gouvernement est encore plus martelée. « Haïti ouverte aux affaires », « le temps est à l’action » : autant de slogans bien connus qui persistent.

En même temps, la chaîne publique diffuse, comme flash d’informations, l’image du président descendant d’hélicoptère pour se jeter dans les bras d’une foule apparemment conquise.

Une variable, cependant, à cette équation politique, qui se veut parfaite, cherche à élargir les possibilités : la variable Lavalas.

Un retour possible

L’ancien président a été invité, le mercredi 8 mai 2013, à titre de témoin par le juge Yvickel Dabresil instruisant l’affaire du double assassinat du journaliste Jean Dominique et de la vigile de sa station de radio, Jean-Claude Louissaint.

Après une audition de plus de deux heures d’horloge, des milliers de supporteurs du parti Fanmi Lavalas ont fait le parcours Palais de justice de Port-au-Prince – résidence d’Aristide à Tabarre (de la côte ouest à la périphérie nord-est), pour accompagner leur leader charismatique.

Une tournée au Bel-air (quartier populaire, ancien fief d’Aristide) a été au rendez-vous.

Hypnose, frénésie, ferveur, prosélytisme, ont dominé.

Le jeudi 9 mai 2013, Aristide sort de son silence pour dire un « merci spécial » à celles et ceux qui ont réalisé « la journée extraordinaire » avec lui.

De petites flèches sont lancées, habilement, vers les dirigeants actuels, notamment sur la question de la faim.

Lamothe écoute les conseils d’Aristide ?

Au cours de l’ouverture de la première rencontre de la coordination de l’aide externe au développement (Caed), le vendredi 10 mai 2013, le premier ministre Laurent Lamothe se rend compte qu’il est venu le temps de combattre la faim en Haïti.

La veille, Aristide avait souligné que « la faim est arrivée trop loin » dans le pays.

A cette réunion de la Caed, ont participé l’ancien président américain William Jefferson (Bill) Clinton, ex co-président de l’organisme dénommé commission intérimaire pour le reconstruction et le développement (Cirh) qui a précédé Caed, l’envoyée spéciale de l’Unesco en Haïti Michaëlle Jean et le coordonnateur de l’action humanitaire de l’Organisation des Nations Unies (Onu), Nigel Fisher.

Pas moins de 80 pages ont été remises aux participantes et participants pour qu’ils puissent s’informer des objectifs de développement du pays, de 2014 à 2016.

Le Créole ne vaudrait-il rien sans le Français ?

Comme le pressentaient certains sceptiques, le chef de l’Etat Martelly a fait objection sur les propositions de loi sur les partis politiques et sur la création de l’académie haïtienne de la langue Créole.

40 sur 63 articles modifiés, 20 autres articles, visas et considérants supprimés : tel est le contenu des objections de l’Exécutif dans la loi sur les partis politiques.

La loi sur l’académie Créole est retournée au parlement, faute de version française.

Le Créole ne vaudrait-il rien sans le Français ? Car le chef de l’Etat ne retourne jamais les textes en français sans version Créole.

Le dossier Joseph Lambert Vs Levaillant Louis-Jeune/ Saurel Jacinthe en instruction

Vendredi 10 mai 2013, après l’audition des députés Levaillant Louis-Jeune et Saurel Jacinthe, le commissaire du gouvernement près le tribunal civil de Port-au-Prince, Lucmane Dellile, a pris la décision de transférer le dossier en cabinet d’instruction.

Les députés Louis-Jeune et Jacinthe accusent Joseph Lambert, ex-Inite et actuel conseiller de Martelly, de vouloir attenter à leur vie. Ils ont porté plainte le 23 avril 2013.

Un fils de l’ancien président Boniface Alexandre échappe à un kidnapping

La direction centrale de la police judiciaire (Dcpj) et la police de Pétionville ont déjoué l’enlèvement du médecin Schiller Alexandre, au soir du samedi 11 mai 2013 à Vivy Mitchel (périphérie est de la capitale).

Le fils de l’ancien président Boniface Alexandre (2004-2006) a été retrouvé ligoté à son domicile. Son ami, Eliphète Noel, ex-député de l’Estère (Artibonite / Nord) a été sévèrement touché par plusieurs coups de marteau à la tête et coups de machette au bras.

Le gardien Andy Campion, deux bandits Véner Oderson et Bénel Pierre-Louis sont actuellement sous les verrous.

Un certain Peter Féguen est en cavale et recherché par la police.

Plus de Métropolis sur Métropole

Depuis Montréal, via une lettre datée du 9 mai 2013, la journaliste Nancy Roc annonce la cessation de son émission, Métropolis, sur les ondes de la radio privée Métropole pour cause de « censure ».

Le contrat avec la 100.1 FM a été rompu le 3 mai 2013, à l’occasion de la journée mondiale de la liberté de la presse.

Précisant que la censure est anticonstitutionnelle, Nancy Roc écrit : « Je ne puis (…), après presque 28 années d’exercice de ma profession, l’accepter pour quelque raison que ce soit ou quelque choix politique que ce soit de quiconque ».

La dernière Metropolis est pour le 3 août (2013) à venir.

Quand une Nancy Roc est obligée de se taire, de se retirer des ondes, faut-il comprendre que liberté de presse n’est pas toujours la règle dans nos médias ? [efd kft apr 13/05/2013 12 :35]