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Haïti-Insécurité : Deuxième famille endeuillée dans l’affaire Walky Calixte

P-au-P, 07 mai 2013[AlterPresse] --- « Ils l’ont tué. Ils l’ont tué. Seul Jéhovah peut me donner justice. L’Homme ne peut pas me la donner […..] mon enfant est mort, personne n’est venu me voir », lâche, des pleurs dans la voix, Irène François Cayo, la mère du policier Jean-Richard Hertz Cayo, abattu le jeudi 2 mai 2013.

La victime faisait partie de la patrouille du défunt agent Walky Calixte qui a été tué par balles le 17 avril 2012. Cette affaire fait actuellement l’objet d’une enquête judiciaire.

« Maman, après la mort de Walky Calixte, ils m’abattront aussi » : tels furent les propos prémonitoires de la victime, rapporte la mère éplorée. Jean-Richard Hertz Cayo aurait eu 29 ans le 15 août prochain. Il était père de deux enfants.

Puisque Haïti est un pays où règne l’impunité, l’enquête va se poursuivre sans résultat, critique la mère du défunt, qui se remet à la justice divine.

« Je sais que Jéhovah est là. Il voit tout, entend tout », se console t-elle.

L’un des complices dans l’assassinat de Cayo habiterait la zone de Savane Pistache (périphérie est) et est connu de tous, fait-elle savoir.

Elle le décrit comme quelqu’un qui peut très difficilement passer inaperçu : « son pantalon est toujours en-dessous de ses fesses, sa chaine en argent lui arrive jusqu’à son nombril, et il porte des tresses ». Mais elle se refuse à citer son nom.

Peu de temps après le meurtre, certains médias de la capitale avaient annoncé l’arrestation d’un suspect. Seulement, cette information n’a pas pu être confirmée par la police. Frantz Lerebours, porte-parole de la police, affirme que c’est la direction centrale de la police judiciaire qui s’occupe du dossier et elle peut décider de ne pas l’informer si elle le souhaite.

Pour l’instant l’attitude des autorités se rapproche de la prudence dans les déclarations.

A part la visite de quelques confrères de promotion et amis proches de Cayo, la mère de la victime dit n’avoir reçu, à date, aucun accompagnement de l’institution policière.

L’infirmière, qui vient de perdre l’un de ses deux fils, déplore le fait que les policiers soient considérés comme des « chiens » par rapport aux bandits traités de façon plus humaine, selon elle, comme des personnes ayant droit à la justice.

Cayo est le policier qui avait arrêté le chauffeur du député Rodriguez Séjour pour port d’arme illégale. Par la suite, ce député avait proféré des menaces de mort à l’endroit du policier Walky Calixte.

Après la mort de Calixte, un autre membre de la même patrouille, Jevousaime Marcelin, a été atteint, le jeudi 21 mars 2013, de trois projectiles dans le cadre d’un attentat non encore éclairci. Marcelin serait actuellement à Cuba pour recevoir les soins que nécessite son cas.

Le 19 mars 2013, le cabinet du juge d’instruction Jean Wilner Morin a demandé la levée de l’immunité des deux parlementaires mis en cause dans l’affaire, ce qui n’est jusqu’à présent pas fait.

Soixante-douze heures avant l’assassinat de Jean Richard Hertz Cayo, le cabinet d’instruction, dirigé par Jean Wilner Morin, a permis à la commission parlementaire - chargée de demander ou non la levée de l’immunité des deux parlementaires inculpés - de consulter le dossier de l’instruction.

« Les assassins continuent de se battre pour éliminer toute possibilité de déboucher sur un procès sérieux » dans le cadre de l’affaire du policier national Walky Calixte, estime André Michel, un des avocats de la famille Calixte.

Les parents du policier national, Walky Calixte, abattu en avril 2012, n’ont pas cessé de réclamer l’assistance du gouvernement, tout en dénonçant les menaces dont ils sont continuellement l’objet. [emb kft gp apr 07/05/2013 9 :00]