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Haiti : La police, face au défi de regagner la confiance de la population

P-au-P., 14 juin. 04 [AlterPresse] --- La Police Nationale d’Haïti (PNH) a soufflé le 12 juin ses neuf bougies, au moment où elle tente de se relever, après les récents évènements politiques qui l’ont sévèrement secouée.

Le haut commandement de la police semble accorder la plus grande importance à un rapprochement entre l’institution policière et la population. Lors d’une cérémonie dans un hotel de Port-au-Prince, le directeur général de la police, Léon Charles, a appelé toutes les couches de la société à appuyer la PNH dans sa mission de protection des vies et biens.

Léon Charles a par ailleurs annoncé la poursuite du processus d’épuration destiné à moraliser la vie de l’institution policière. En avril dernier, le Conseil supérieur de la police avait procédé à la révocation de 120 policiers, dont de nombreux inspecteurs, pour abandon de poste et promotion irrégulière.

De son coté, l’inspecteur général en chef, Fritz Jean, a mis en avant « l’option d’une police civile, professionnelle et apolitique ». Il a également souligné « la mise en
branle d’un processus de revalorisation de la fonction de policier, l’envoi d’un signal clair contre la corruption, le lancement d’un partenariat avec l’Université d’Etat d’Haïti dans le cadre du recrutement au sein de la PNH ».

A l’instar du directeur général, Fritz Jean a insisté sur le fait que la police à un devoir de service envers la communauté, tout en mettant l’accent également sur l’obligation de collaboration, d’encadrement et d’orientation de la population par l’institution policière.

A l’occasion du neuvième anniversaire de la PNH, le haut commandement a symboliquement honoré l’inspecteur Germain Destourel et le commissaire Carl Henry Boucher, projetés comme des modèles.

Une série d’activités socio-culturelles à travers les dix juridictions géographiques
du pays a également marqué l’anniversaire de la PNH.

Parallèlement, le processus de recrutement en vue de renforcer la police avance. Des avis de convocation de postulants civils et de militaires démobilisés pour les 14 et 15 juin ont été émis à travers les médias.

Le Conseil supérieur de la police projette de faire passer à terme l’effectif des policier à 8.500. Pour le moment, la police ne compte que quelque 2.000 membres (sur les 6.000 qu’elle comptait auparavant) pour une population estimée à 8,5 millions d’habitants.

Instrumentalisée, politisée et vassalisée par l’ancien régime de Jean Bertrand Aristide, l’institution policière a subi directement les conséquences des évènements qui ont amené à la chute de son régime le 29 février dernier. L’institution policière, écrivait la Coalition Nationale pour les Droits des Haitiens, dans une lettre ouverte le 10 mars à l’actuel directeur de la police, « est perçue, aujourd’hui encore, non comme une institution étatique mais comme une milice privée au service d’un homme, d’un parti politique ».

La NCHR soulignait que des bandits armés à la solde du pouvoir lavalas avaient intégré la PNH, des promotions avaient été octroyées de manière fantaisiste, des postes de responsabilité étaient confiés, sans concours, à des personnes dépourvues de formation théorique et pratique en matière de sécurité. « La corruption, les actes de vol, de viol, de kidnapping, de disparition, d’assassinat, des agissements politiques [caractérisaient] le fonctionnement de la PNH ».

D’où le défi que constitue aujourd’hui la volonté exprimée par les autorités de faire en sorte que la police regagne la confiance de la population. [vs gp apr 14/06/2004 23:00]