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Des élections européennes, pas pour les Martiniquais, selon le CNCP

Déclaration du Conseil National des Comité Populaires (CNCP)

Soumis à AlterPresse le 8 juin 2004

« L’Europe a mis de l’argent dans la construction des routes, de l’atrium ou autres infrastructures. Elle a versé des subventions pour des agriculteurs »

Voici donc le principal argument sur lequel on s’appuie, une fois de plus, pour appeler les Martiniquais à participer aux élections européennes !

Cela est-il responsable quand on sait

-  que le budget de l’Europe, non augmenté, aura à supporter le coût de l’intégration de dix nouveaux pays en difficulté

-  que les paliers justifiant l’attribution des fonds structurels seront revus à la baisse, rendant plus improbable l’éligibilité pour la Martinique

-  que les nouvelles règles de l’O.M.C. ont déjà programmé la disparition des politiques de protection

-  que les nouveaux critères d’attribution des subventions agricoles laissent peu de chance à la banane d’être soutenue

-  que le mode d’attribution des subventions qui impose la participation des collectivités de l’état français et l’avance des fonds par les bénéficiaires n’est pas de nature à créer une impulsion économique significative

-  que l’Europe n’est pas une association philanthropique et qu’elle n’investit dans les infrastructures locales que pour garantir son emprise et déverser ses capitaux ses hommes et ses marchandises dans notre pays qui n’est pas en mesure de s’y opposer.

-  que la puissance financière de l’Europe qui lui permet ces soi-disant largesses, repose sur le pillage des ressources du tiers-monde, la dette illégitime et l’exploitation des peuples, que du point de vue humain on ne peut tendre la main en occultant cette réalité, quand il s’agit de lutter pour un nouvel ordre international et économique plus juste

-  que la commission de Bruxelles détenant des pouvoirs de plus en plus élargis, autant que la Banque Européenne, qui ne subissent aucun contrôle démocratique, et au contraire peuvent imposer des mesures aux Etats nationaux, impulsent une politique néolibérale, favorable à la destruction des services publics, à la construction de grands groupes capitalistes « compétitifs »

-  que le parlement Européen n’a pas de pouvoir réel de s’opposer à cette logique libérale et que la Constitution Européenne en préparation, s’élabore dans le dos des peuples au bénéfice des multinationales

-  que le statut de Région Ultrapériphérique dans lequel nous avons été placé, ne permet la prise en compte que de spécificité mineures, au prix de laborieuses négociations, mais nous impose à terme l’application de toutes les mesures majeures décidées pour la construction de l’Union Européenne, mesures qui nous interdisent tout développement autocentré, pensé par nous-mêmes, en fonction de nos intérêts fondamentaux.

Le CNCP affirme solennellement :

-  qu’aucune logique d’intégration, même aménagée, ne saurait être bénéfique à notre pays et à notre peuple,

-  qu’un nouveau partenariat doit être établi entre l’Union Européenne et la Martinique sur la base de la réciprocité des intérêts

-  que la participation au parlement européen n’est pas de nature à permettre les négociations devant déboucher sur ce partenariat

-  que les listes en présence ne portent absolument pas les réponses nécessaires aux exigences de l’heure

-  que le peuple Martiniquais doit envoyer un signal fort pour indiquer qu’il n’entend pas être digéré mais, qu’au contraire, il attend que ses élus, choisis localement, surtout pas dans le cadre d’un melting pot des dernières colonies françaises, puissent négocier avec l’Union Européenne un nouveau partenariat.

Le CNCP appelle, en ce sens, les Martiniquais et les Martiniquaises à poursuivre la marche entreprise vers la dignité et la responsabilité en ne participant pas au scrutin du 12 juin 2004-06-08
Pour le CNCP :
le porte-parole Robert SAE