P-au-P, 19 avril 2013 [AlterPresse] --- Après avoir prêté serment à la Cour de cassation, les neuf (9) représentants, dont 4 femmes, des 3 pouvoirs de l’État au sein du Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep) ont été installés, finalement, à leurs postes, ce vendredi 19 avril 2013, en présence des membres du corps diplomatique et de la presse, a observé l’agence en ligne AlterPresse.
Les deux cérémonies ont été l’occasion pour des membres du Ctcep d’affirmer leurs engagements et de formuler de nouvelles promesses, celles de contribuer à l’organisation de scrutins libres et transparents.
Ils ont, tous, juré, par-devant les membres de la Cour de cassation, « d’appliquer et de faire appliquer la loi électorale » et de suivre les prescrits légaux.
La cérémonie de prestation de serment à la cour de cassation s’est déroulée dans une salle coincée, où il n’y avait pas assez de place pour les invités et la presse.
Certains invités de rang diplomatique étaient obligés de rester debout, pendant que d’autres (assis) essayaient de remuer l’air, tant il faisait chaud.
Comment vaincre les doutes et suspicions de processus électoral vicié et détourné ?
A peine installés, les nouveaux conseillers électoraux tentent de rassurer les citoyennes et citoyens haïtiens, sceptiques sur l’issue du processus électoral 2013 attendu. Leur mandat sera d’organiser des élections crédibles pour renouveler un tiers du sénat haïtien et 140 conseils municipaux.
Des élections qui devaient avoir lieu depuis au moins novembre 2011 !
Pierre Simon Georges, l’un des représentants du pouvoir législatif, entend lancer un « appel sincère » à toutes les organisations de la vie nationale haïtienne en vue de « délaisser toute idée préconçue et tout préjugé » et d’ajouter foi en la nouvelle structure électorale.
Depuis l’année 2012, diverses personnalités de la vie politique en Haïti n’ont pas manqué d’afficher des doutes sur le collège transitoire de gestion du conseil électoral provisoire, parce qu’ayant découlé d’un compromis politique controversé au mois de décembre 2012, après des temps de tergiversations entre les 3 pouvoirs de l’État.
« Soyez confiants ! (…) Nous sommes disposés à réaliser des élections libres dans les limites de notre mandat et dans les limites de la Constitution (haïtienne) », a enchaîné Jean Marie Vianney Emmanuel Ménard, représentant de l’exécutif au Ctcep, avec Chantale Raymond et Margareth Girault Saint-Louis.
C’est justement Emmanuel Ménard qui est nommé, en fin de journée du vendredi 19 avril 2013, président de la nouvelle structure électorale.
Cet appel à la confiance, sur un « possible » travail louable du Ctcep, est pourtant nuancé par les propos de Marie Carole Innocent Duclervil, une représentante du pouvoir judiciaire.
Pour elle, le Ctcep est « un bébé, une jeune institution qui mérite beaucoup d’attention ».
Duclervil appelle les dignitaires à « laisser derrière leurs propres intérêts » en faveur de ceux de la nation.
Aussi, conditionne-t-elle la réussite du processus électoral (2013) à « la participation des femmes à tous les niveaux ».
D’autres conditions sont aussi nécessaires pour la réussite des prochains scrutins.
Parmi celles-ci, « la définition, au préalable, de règles claires », acceptées par toutes les parties prenantes et « le respect scrupuleux » de la volonté du peuple, souligne un autre représentant du pouvoir Judiciaire, Léopold Berlanger.
Une indépendance nuancée pour le Ctcep…
Le ministre de la justice et de la sécurité publique, Jean Renel Sanon - qui a procédé à l’installation des membres du Ctcep, affirme que le nouvel organisme électoral fonctionnera en toute autonomie.
« La garantie du gouvernement, c’est l’indépendance ».
« Vous allez travailler en toute indépendance (...) », encourage Sanon.
Mais, attention !...
« Certes, il ne faut jurer de rien en politique », surtout quand les « enjeux électoraux sont sérieux », nuance Sanon.
Jean Renel Sanon est retenu, dans l’opinion publique, comme étant membre du Parti haitien tèt kale (Phtk), identifié comme le parti du président Joseph Michel Martelly.
Un autre combat …
A présent, un nouveau combat semble s’annoncer, celui d’organiser la nouvelle administration électorale et d’attribuer un rôle à chaque conseiller, notamment de choisir un président pour le conseil.
Le nouveau président du Ctcep vient d"être choisi en la personne d’Emmanuel Ménard, un représentant de Martelly.
Déjà, une campagne subtile paraît commencer.
Après la prestation de serment à la Cour de Cassation, l’ancien député Pierre Simon Georges demande, à ses pairs, de s’unir avec lui dans l’exécution du travail.
« Je vous invite à œuvrer avec moi, de manière rationnelle », souhaite-t-il.
Alors qu’il n’était pas le seul des délégués des 3 pouvoirs, au nouveau Ctcep, à prendre la parole, Léopold Berlanger a ouvertement remercié ses nouveaux collègues qui semblaient lui avoir confié le rôle de parler en leurs noms. [srh emb rc apr 19/04/2013 16:30]