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HaitiWebdo Semaine du dimanche 07 avril au samedi 13 avril 2013

Haïti-Politique : A l’approche des élections…des démissions

P-au-P, 18 avril 2013 [AlterPresse] --- Dans un contexte de pénurie d’essence, deux ministres du gouvernement haïtien claquent la porte, dont l’une des figures la plus respectée, la ministre de l’économie et des finances, Marie Carmelle Jean-Marie.

Entre-temps, le président Michel Martelly annonce la publication, dans le Moniteur, journal officiel de la république, de l’arrêté relatif à la formation du Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep).

Après l’audition de l’avocat Newton St-Juste, pour avoir dénoncé Martelly et le premier ministre Laurent Lamothe d’être impliqués dans des actes de corruption et de blanchiment d’argent, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Lucmane Delille, a décidé de classer le dossier, sans suite.

Les dessous des démissions des ministres

Mercredi 10 avril 2013, le pays se réveille avec la démission de la ministre des finances Marie Carmelle Jean-Marie, réputée pour sa rigueur et sa volonté d’assainir les finances de la république.

Elle n’aurait pas eu le support de ses pairs et de ses chefs pour mettre en place de grandes réformes dans l’administration publique.

L’opinion se questionne sur la blancheur des caisses du pays et l’utilisation de l’argent des contribuables.

Un jour après, Régine Godefroy, ministre de la communication, remet également le tablier pour « incapacité » de remplir sa mission « avec rigueur, honneur et intégrité ».

Le gouvernement ne s’en plaint pas.

Rapidement Wilson Laleau, ministre du commerce et de l’industrie, est muté à la place de Jean-Marie. La ministre de la culture, Josette Darguste, assure l’intérim de la communication.

Que cachent véritablement ces démissions ? Ont-elles été provoquées ? Quels seront les impacts sur le pays ?

Pénurie d’essence, rareté ou retard ?

Les automobilistes haïtiens ont fait la queue, pendant plusieurs jours, dans les pompes à essence, pour pouvoir circuler, alors que le Venezuela - approvisionneur d’essence d’Haïti - est en pleine fièvre électorale.

Clashes, coups de gueule, affrontements ont ponctué chaque tournée dans les pompes. Les autorités, les importateurs de produits pétroliers ont tenté de rassurer.

La raison du retard du tanker, en provenance du Venezuela, semble ne pas trop convaincre les citoyennes et citoyens en colère.

Jusqu’à présent, le flou subsiste encore. Faut-il parler de rareté ou de retard ?

Le pays peut bien supporter une pénurie, estime Martelly qui rejette, d’un revers de main, la solution de réserves stratégiques de pétrole en Haïti.

Enfin le Ctcep est officiel

Paraphé par Martelly depuis le 5 avril 2013, l’arrêté présidentiel, sur la constitution du Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep), n’est publié, dans le journal officiel de la république, Le Moniteur #63, que 6 jours plus tard, soit le jeudi 11 avril 2013.

L’annonce a été faite par le bureau de communication de la présidence.

Pierre Simon Georges, Néhémy Joseph, Marie Clunie Dumay Miracles représentent le pouvoir législatif.

Jean Marie Vianney Emmanuel Ménard, Jacqueline Patricia Chantale Raymond, Gloria Margarette Girault Saint-Louis ont été désignés par l’exécutif.

Léopold Berlanger, Marie Carole Innocent Floreal Duclervil, Applys Félix sont les représentants du pouvoir judiciaire.

Cette publication est-elle vraiment la preuve d’une volonté d’organiser des élections ? Martelly avait-il vraiment le choix ?

En tout cas, l’ambassade américaine à Port-au-Prince s’est empressée de saluer cette décision.

La dénonciation de Newton St Juste classée sans suite

Après une audition controversée, le mercredi 10 avril 2013, de l’avocat Newton St-Juste, au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince, le commissaire du gouvernement de Port-au-Prince, Lucmane Delille, a décidé de classer, sans suite, la dénonciation contre Michel Martelly et son premier ministre Laurent Lamothe pour « corruption, blanchiment d’argent et association de malfaiteurs ».

Du coup, Delille aurait fait injonction au juge de paix de Petionville « d’aller récupérer dans tous les médias de cette commune toutes les déclarations concernant la corruption, le népotisme, l’immoralité gangrénant le pouvoir Martelly/Lamothe en général et la famille présidentielle en particulier, ainsi que celles relatives à l’usage personnel et intime fait des fonctions officielles et régaliennes de l’État ».

Le juge en question aurait refusé d’obtempérer, malgré les menaces de révocation, selon Me. St-Juste.

Finalement, sur quoi débouchera ce face-à-face entre Newton St-Juste, André Michel et le pouvoir politique de Michel Martelly ?

Pourquoi la justice ne fait pas la lumière, une fois pour toutes, sur ces graves accusations de corruption qui ternissent l’image de l’État haïtien ? [efd emb rc apr 18/04/2013 09:30]