P-au-P, 11 avril 2013 [AlterPresse] --- « Elle n’acceptait pas le gaspillage ni les dépenses extra-budgétaires. C’est une ministre des finances qui faisait une gestion ferme des finances publiques. Elle a beaucoup de rigueur (…), tout le monde doit la regretter en ce sens », a déclare l’économiste haïtien Eddy Labossière, à propos du départ de Marie Carmelle Jean-Marie (mai 2012 - avril 2013) du gouvernement de Laurent Salvador Lamothe.
Le manque, au sein de l’administration publique en Haïti, de ces attributs, identifiés chez l’ex ministre Marie Carmelle Jean-Marie (née un 16 juillet 1956 à la Vallée de Jacmel, Sud-Est d’Haïti, dans une famille de 5, dont 4 filles et 1 garçon), est « le seul dommage » du départ de la ministre.
« (…) Il faut être honnête pour le dire, elle faisait bonne guerre », indique Labossière, dans un entreitien à l’agence en ligne AlterPresse.
L’économiste loue le bon sens de gestion de la titulaire démissionnaire du ministère de l’économie et des finances (Mef) et sa rigueur dans la gestion des dépenses de l’État.
Tout en estimant regrettable sa démission, Labossière lui reproche d’avoir exercé une répression fiscale sur les consommatrices et consommateurs, au cours de son passage à la tête du Mef.
Labossière cite l’augmentation du « taux marginal de taxation des gens (celles et ceux qui ont un emploi) », alors qu’ « elle n’a pas indexé leurs salaires par rapport au coût de la vie, par rapport au taux d’inflation »,
Cette approche n’était autre qu’une « répression fiscale ». critique Eddy Labossière.
La nouvelle de la démission de Marie Carmelle Jean-Marie a commencé par circuler dans les médias dans la nuit du mardi 9 au mercredi 10 avril 2013. Une lettre, retenue pour celle envoyée au premier ministre Laurent Lamothe, a été véhiculée à travers les médias sociaux, notamment Facebook.
Jean-Marie y évoquerait un manque de soutien de ses pairs. Ce qui s’expliquerait par sa fermeté à stopper tous ceux qui avaient la « velléité de faire des dépenses sans explication ».
« Elle a osé faire quelque chose qu’on n’a jamais fait dans l’histoire de ce pays (…), dans l’histoire récente », ajoute l’économiste.
Les causes de la démission de la ministre Marie Carmelle Jean-Marie ne sont pas trop certaines.
La ministre démissionnaire « recevait des menaces de mort », révèle à AlterPresse le sénateur du Nord, Jean-Charles Moïse, qui avait publiquement, en 2012, exprimé des désaccords avec l’ancienne titulaire du Mef.
Jean-Marie aurait eu des frictions ouvertes avec le président de la république Joseph Michel Martelly.
« Alors que Martelly voulait faire des dépenses extra-budgétaires, Marie Carmelle Jean-Marie lui demandait de respecter la loi », ajoute le sénateur Moïse.
Des contrats gré à gré, signés entre des firmes et le gouvernement sans justificatifs, seraient d’autres causes de la démission de Jean-Marie, évoquées par Jean-Charles Moïse.
L’administration Martelly/Lamothe semblait avoir besoin d’un « comptable payeur » et non d’une personne qui connaît « économie et finance », commente un éditorialiste sur son compte twitter. [srh rc apr 11/04/2013 16:09]