P-au-P, 11 avril 2013 [AlterPresse] --- La commission épiscopale nationale Justice et paix (Jilap), organisme de droits humains de l’église catholique, exprime ses vives préoccupations par rapport à la mauvaise gestion du pays faite par le gouvernement, lors d’une conférence de presse, ce 11 avril 2013.
Jusqu’à aujourd’hui, l’administration du président Michel Martelly et du premier ministre Laurent Lamothe n’a pas encore adressé les problèmes fondamentaux du pays en leur apportant des solutions réelles, critique la directrice de Jilap, Jocelyne Colas.
Les manœuvres illégales de mise sur pied du Conseil électoral, les mauvaises conditions des familles déplacées vivant encore sous des tentes trois ans après le séisme du 12 janvier 2010, le manque de respect pour la dignité et les droits humains sont autant de problèmes cruciaux auxquels le pays continue de faire face, critique t-elle.
Toutes les actions entreprises pour mettre sur pied le Conseil électoral devant organiser les prochaines joutes ne s’appuient sur aucune base légale, fait-elle remarquer.
« Cela nous montre déjà que nous encourons des risques d’avoir des dirigeants illégaux n’ayant aucune légitimité pour diriger le pays dans le sens du respect des droits humains », avertit Colas, condamnant la tentative de l’exécutif de contrôler tous les appareils de l’Etat servant à organiser les prochaines élections.
Après de multiples péripéties, 9 conseillers ont finalement été désignés au Collège transitoire du conseil électoral permanent (Ctcep), mais, le président n’a toujours pas publié l’arrêté devant les nommer officiellement.
Il n’existe aucune volonté réelle chez les dirigeants actuels pour la réalisation d’élections libres, honnêtes et démocratiques, croit fermement la directrice de Jilap.
Ces prochaines élections accusant un retard de plus d’un an doivent permettre le renouvellement de 10 sièges de sénateurs (sur 30) et de 140 conseils communaux.
Faisant référence au pouvoir actuel, Colas appelle la population haïtienne notamment tous les secteurs organisés à ouvrir grands les yeux pour mettre un frein à l’installation d’une autre dictature dans le pays.
Par ailleurs, aucune amélioration n’est observée dans les mauvaises conditions de vie de la population, déplore t-elle, précisant que le problème de logement reste entier malgré la relocalisation de certaines familles déplacées suite au séisme.
L’institution rappelle que diverses familles vivant encore sous des tentes continuent d’être victimes de menaces d’expulsions forcées qui ont déjà causé la mort de plusieurs personnes.
Les données officielles indiquent que, jusqu’à présent, 347 mille 284 personnes déplacées vivent toujours dans les camps soit 87 mille 750 ménages répartis sur 450 sites.
Jilap critique l’indifférence affichée par les autorités haïtiennes qui ne font rien, dit-elle, pour assurer la protection de ces familles déplacées vivant sous les tentes.
Qu’est-ce qui empêche à l’Etat de construire des logements sociaux décents pour permettre à ces familles déplacées de vivre dans de meilleures conditions ?, s’interroge Colas qui plaide en faveur du respect de la dignité et des droits humains à travers le pays.
« Le droit pour quelqu’un de vivre dans la dignité reste un défi dans le pays à cause du manque de volonté des dirigeants d’organiser la société dans le dessein de permettre la jouissance des droits économiques, sociaux et culturels », dénonce t-elle. [emb kft apr 11/04/2013 13 :00]