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Haïti-Politique : Pas de réaction officielle de l’Exécutif sur la démission de la ministre des finances

Une démission dans un contexte fragile…

P-au-P, 10 avril 2013 [AlterPresse] --- La nouvelle de la démission de la ministre de l’économie et des finances, Marie Carmelle Jean-Marie, s’est répandue dans toute la presse haïtienne et internationale tôt ce matin 10 avril 2013, mais le gouvernement haïtien n’a toujours pas réagi officiellement en milieu d’après-midi.

Contacté par AlterPresse, l’entourage du premier ministre Laurent Lamothe évite tout commentaire. On réfère à un conseil de gouvernement, qui doit se tenir dans l’après-midi de ce 10 avril 2013.

Certaines sources parlent de « profonds désaccords avec le président Martelly » comme raison de la démission alors que d’autres déclarent que Jean-Marie s’est sentie lâchée par ses collègues dans ses efforts pour promouvoir une gestion responsable des finances et de l’économie de la république.

Cette démission arrive dans un contexte financier marqué par le souci de l’ex-argentière d’imposer la rationalisation et l’assainissement des dépenses publiques.

En décembre 2012, l’ancienne ministre a décidé de geler certaines dépenses de fonctionnement peu utiles telles des voyages sans importance et l’acquisition de voitures de luxe. Une circulaire a été acheminée aux différents pouvoirs de l’État pour leur demander de réduire dans leurs dépenses.

« L’achat de voiture de luxe est interdit et l’acquisition d’une voiture doit être une nécessité », avait-elle martelé en novembre 2012.

Au moment où cette figure du gouvernement haïtien claque la porte, de graves accusations de corruption, de blanchiment d’argent pèsent sur le pouvoir exécutif.

On reproche également au chef de l’État Michel Martelly et au premier ministre Laurent Lamothe d’utiliser leurs fonctions officielles à la tête de la république pour mener des opérations économiques personnelles et « mafieuses ».

Sur la base de ces dénonciations produites notamment par l’avocat Newton Louis Saint-Juste, le député Arnel Belizaire a proposé à ses pairs de former une commission d’enquête sur ce dossier.

Une correspondance est adressée au bureau de la chambre des députés depuis le 8 avril par l’élu de Delmas/Tabarre (périphérie nord-est).

Marie Carmelle Jean-Marie démissionne également dans ce contexte de flou, d’incertitude et de très peu de transparence autour de l’utilisation de l’argent provenant du fonds PetroCaribe de l’aide vénézuélienne à Haïti.

Des programmes dits sociaux tels Ede Pèp, au sein duquel se sont multipliés Ti manman cheri, Kore etidyan, Kore plantè, sont exécutés par l’administration politique Martelly sans que les contribuables haïtiens soient correctement informés de la provenance des ressources.

En tout cas, la présence « indésirable et provocatrice » du ministre chargé des relations avec le parlement, Ralph Théano, à la séance d’invitation du gouvernement à la chambre des députés, le 4 avril 2013, avait empêché le gouvernement haïtien de faire la reddition de comptes de ses activités aux mandataires du peuple.

Certains parlementaires ont analysé la présence de Théano (en mal avec les députés qu’il a traités de Kamikazes et d’enfants de familles monoparentales pour avoir sifflé Lamothe au parlement en janvier 2013) comme une supercherie, pour permettre au gouvernement de ne pas faire l’exercice de répondre aux questions des parlementaires.

Pourquoi la ministre Jean-Marie a-t-elle démissionné ? La réponse sera-t-elle apportée au Conseil de gouvernement de cet après-midi ?

En attendant, un éditorialiste estime sur son compte Twitter que la titulaire de l’économie a été « poussée vers l’exit », car le gouvernement n’avait pas besoin d’une ministre qui veut « parler économie et finance », mais plutôt d’un « comptable payeur ». [efd kft gp apr 10/04/2013 14:40]