Correspondance Ronel Odatte
Hinche, 08 avril 2013 [AlterPresse] --- « Une réponse proportionnelle, au phénomène de la traite des enfants dans les zones frontalières, ne peut être apportée sans le soutien des autres entités de l’État et de la société civile », préconise le principal responsable de la brigade de protection des mineurs (Bpm), le commissaire principal de police Jean Gardy Muscadin.
Une mobilisation citoyenne est urgente et nécessaire face à l’ampleur du phénomène dans le département du Centre, indique Muscadin, qui appelle tous les secteurs à jouer leurs partitions.
La visite du chef de la Bpm intervient à un moment où la traite d’enfants dans le département tend à prendre une dimension inquiétante.
Des dizaines de cas sont recensés en moins de quelques jours, explique, pour sa part, Ulrick Jean-Pierre, directeur départemental de la brigade de protection des mineures et mineurs.
Un nombre non déterminé, mais néanmoins important d’enfants, traversent la frontière pour se rendre en terre dominicaine.
De plus en plus de d’Haïtiens et de Dominicains s’adonnent à la traite d’enfants, signale Jean-Pierre.
La traite d’enfants s’étend dans les communes de Maissade, de Hinche, de Thomassique et de Cerca-la-Source.
Les trafiquants transportent les enfants vers Bocbanic, Tilori ou Savana Cruz, trois localités limitrophes des municipalités dominicaines Pedro Santana et Banica.
Une fois que le marché est conclu, les enfants sont automatiquement embarqués vers la République Dominicaine, rapporte Jean-Pierre.
« Avec des structures d’accueil, nous serions en mesure de recenser quotidiennement 100 cas d’enfants en situation difficile », déclare le policier national qui exige, de ses supérieurs hiérarchiques, des moyens nécessaires à son travail.
La problématique de la traite d’enfants dans les zones frontalières du Plateau central a fait l’objet d’échanges, le jeudi 4 avril 2013, entre le principal responsable de la Bpm et des autorités locales ainsi que des membres d’organisations sociales.
La rencontre de la brigade de protection des mineurs (Bpm) a eu lieu, à la salle de conférence de la direction départementale de la police nationale à Hinche, en présence de représentants de l’institut du bien-être social (Ibesr) et de membres du personnel de la mission des Nations Unies de stabilisation en Haïti (Minustah).
Cri d’alarme au Plateau Central
Le directeur du service de la Croix-rouge, Delille Exile, s’est interrogé sur la volonté réelle des autorités centrales de doter la police du Plateau central d’outils essentiels pour lutter contre la traite d’enfants.
« Ce qui se passe là-bas est une grave atteinte à la dignité humaine. Trop d’enfants haïtiens sont en domesticité sur le territoire dominicain », signale-t-il.
Exile a profité de la rencontre pour attirer l’attention sur le danger que représente la traite d’enfants.
Présents à la rencontre du 4 avril 2013, des coordonnateurs de conseils d’administration de sections communales (Casec) et des juges de paix encouragent la Bpm à entamer des démarches auprès de la direction générale de la police nationale d’Haïti (Pnh) pour l’implantation de postes de police dans les zones frontalières du département du Centre.
Le gouvernement doit mettre en place une vraie politique de sécurité sociale, déclare le secrétaire général de l’union des journalistes du centre (Ujc).
Daniel Chertoute dit craindre le pire à cause de la situation économique et financière des familles.
Malgré l’ampleur du phénomène, la police locale n’a fait état d’aucun cas d’arrestation.
L’arrondissement de Cerca-la-Source, qui compte environ cent dix mille habitantes et habitants, ne dispose pas plus de 15 policiers, selon la mairie de Thomassique. [ro kft rc apr 08/04/2013 13:40]