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Haïti-Justice : Des partisans d’Aristide pour ou contre l’audition de René Préval

P-au-P, 8 mars 2013 [AlterPresse] --- Des partisans lavalas (du nom du parti politique de l’ex-président Jean-Bertrand Aristide), un peu divisés, ont exprimé leurs points de vue, pour ou contre l’audition de René Préval, le jeudi 7 mars 2013, dans le cadre de l’enquête du dossier du double assassinat (le 3 avril 2000) du célèbre journaliste Jean Léopold Dominique de Radio Haïti Inter et du gardien de la station Jean-Claude Louissaint.

L’ancien chef d’État René Garcia Préval a été auditionné, au cabinet d’instruction, par le juge Yvickel Dabrésil, en charge du dossier depuis le 3 avril 2005.

Depuis août 2003, la Cour d’appel de Port-au-Prince avait jugé qu’une commission d’enquête devrait compléter l’investigation, en permettant d’identifier tous les assassins directs ainsi que les auteurs intellectuels du lundi 3 avril 2000.

Durant le déroulement de l’audition, des partisans de Préval, massés sur la cour du parquet de Port-au-Prince, ont dénoncé cette démarche comme une tentative de persécution contre l’ancien président Préval (2006 - 2011 et 1996 - 2001) et Jean-Bertrand Aristide (2001 - 2004 et 1991 – 1996).

« Si Préval avait le souci de protéger le président Aristide pendant son exil (février 2004- mars 2011), il ne serait pas là aujourd’hui », explique un pro lavalas énervé.

Les persécutions contre Aristide émanent des mêmes personnes qui ont contribué à son exil, avance t-il, dénonçant le parti pris manifesté dans le dossier de Jean-Claude Duvalier (22 avril 1971 - 7 février 1986) qui a bénéficié d’un passeport diplomatique.

" Nous pensons que la situation ne sera pas aussi calme, lors de la convocation prochaine d’Aristide", avertit un autre, interrogé par AlterPresse.

Le pays a trop de problèmes pour qu’on s’attaque à ce genre de dossiers, lâche t-il.

« Des personnes complices dans la misère du peuple se trouvent au pouvoir. Certaines personnes devraient venir répondre aux questions de la justice », souhaite le coordonnateur de la famille « Lavalas » à Petit-Goâve (ville du département de l’Ouest, à 68 km au sud de la capitale), Etzer Jean-Louis.

Ces pro et anti Préval étaient près d’une dizaine à être massés sur la cour en vue, soit d’applaudir, soit de désapprouver cette action en justice contre Préval.

Parmi eux, des employés révoqués - qui se présentent en victimes du régime de Préval - se sont réjouis ouvertement de cette audition, en scandant des propos hostiles à l’ancien président.

Pour sa part, l’ancien sénateur Joseph Lambert juge normale cette audition de Préval puisque, dit-il, ce dossier a été initié par celui-ci.

« Je ne veux pas qu’on instrumentalise cette question et qu’on donne un aspect politique à tout ce qui se passe dans le pays », s’insurge t-il contre certains membres de l’opposition qui croient que ce dossier est une tentative politique pour atteindre Aristide.

En plus de Préval, deux autres anciens chefs d’État, Jean-Bertrand Aristide et Jean-Claude Duvalier (22 avril 1971 - 7 février 1986), sont concernés par des procédures judiciaires. [emb kft rc apr 08/03/2013 9:15]