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Un forum sur le patrimoine amérindien d’Haïti

Par Edner Fils Décime

P-au-P, 6 mars 2013 [AlterPresse] ---« Sur les traces de nos ancêtres amérindiens » est le thème du premier forum international sur le patrimoine amérindien d’Haïti – Taïno en particulier - qu’organise la Fondation Odette Roy Fombrun (Forf), du 18 au 20 avril 2013, à Pétionville (périphérie est).

L’annonce a été faite ce 6 mars 2013 au cours d’une conférence de presse de la Forf.

Cette activité se donne, entre autres objectifs, de : « sensibiliser les secteurs public et privé d’Haïti à ce riche patrimoine ; impulser l’effort vers l’identification et la préservation de ses richesses ; promouvoir l’exploitation rationnelle de sa valeur et potentiel culturels, historiques et touristiques, à l’échelle nationale et internationale ».

Présidé par Odette Roy Fombrun, ce projet est coordonné par Marie-Claude Bayard. Rachelle Charlier Doucet est chargée du contenu du forum et des intervenants.

Parmi ces derniers, figurent des experts haïtiens et internationaux dans des disciplines connexes, comme l’anthropologie, la muséologie, l’archéologie, l’ethnologie et la sociologie.

Des chercheurs - dont Rachelle Charlier Doucet, haïtienne muséologue et docteure en anthropologie ; Kathleen Deagan, directrice de recherches archéologiques en Haïti et en République Dominicaine (Rd) ; Juan Rodriguez Acosta, anthropologue et archéologue, directeur du musée de l’homme en Rd et Rachelle Beauvoir Dominique - interviendront au forum.

Le bureau et la faculté d’Ethnologie seront comptés parmi les institutions intervenantes.

Les ministères de la culture, du tourisme, de l’environnement, de la communication font partie du public cible du forum, à coté des législateurs et des autorités locales dans les zones où se retrouve l’héritage améridien.

Ce, pour « motiver ces instances à prendre les dispositions légales pour veiller à la protection et à la préservation de ce patrimoine ; mener des actions concrètes en vue d’approfondir et de vulgariser la connaissance de ce patrimoine et motiver les gouvernances locales et les communautés avoisinantes des sites archéologiques à la protection de ces richesses ».

Quid de l’héritage amérindien ?

Fombrun informe tristement qu’un « nombre important de pièces de cet héritage se trouve à l’étranger dans des musées et collections privées ».

La présidente de la fondation insiste pour que le palais de la Belle rivière, surnommé palais aux 365 portes (Artibonite / Nord), devienne un musée du patrimoine Taïno.

Aussi, de concert avec le Bureau national d’ethnologie (Bne), le forum doit-il permettre d’accoucher d’un « inventaire national du patrimoine amérindien », selon les précisions de Doucet.

« Haïti présente des enjeux identitaire, culturel, économique et scientifique. Nous pouvons saisir l’occasion pour être les pionniers du tourisme scientifique pour développer durablement le pays », martèle l’anthropologue, appelant à la remise, au goût du jour, de la science dans le domaine du patrimoine tant matériel, immatériel et naturel amérindien du pays.

Lumière sur « amérindien »

Sur le choix du concept « améridien », pour désigner les naturels d’Haïti, l’anthropologue Rachelle Charlier Doucet avoue qu’il a suscité de vives discussions au niveau de l’équipe organisatrice.

« Nous avons finalement opté pour amérindien dans l’optique de « moindre mal », confie Doucet en invitant les jeunes chercheurs de l’université à travailler afin de parvenir à « forger un concept véritablement haïtien pour désigner les premiers habitants de l’île ».

Amérindien refléterait, selon certains auteurs, une position de négrier, puisque c’est Christophe Colomb et ses pairs qui croyaient que ces habitants étaient des indiens.

De plus, Amérique renvoie au nom d’Amerigo Vespucci, un navigateur italien qui aurait donné son nom au nouveau continent.

Autochtones, indigènes, naturels d’Haïti, Indiens, précolombiens, préhistoriques, sont certains des noms utilisés pour parler de ceux et celles qui ont vécu sur la terre d’Haïti avant l’invasion espagnole de 1492.

La docteure en anthropologie préfère l’euphémisme « contact des civilisations » pour évoquer cette date.

La fondation Odette Roy Fombrun est une association à but non lucratif créée en 2007.

La Forf se donne pour objectif principal « de promouvoir les idées et actions du Konbitisme pour le développement social et économique d’Haïti ».

Selon Marie-Claude Bayard, le konbitisme peut se résumer en un « faire ensemble pour le développement intégral du pays ». [efd apr 06/03/2013 16 :10]