Par Karenine Francesca Theosmy
P-au-P, 28 févr. 2013 [AlterPresse] --- Un petit pas pour la justice et un grand pas pour les victimes : Jean Claude Duvalier a enfin cédé en se rendant à la cour d’appel de Port-au-Prince ce 28 février 2013, observe l’agence en ligne AlterPresse.
L’audition en appel, fixée initialement au 24 janvier 2013, a été reportée pour cause de décès d’un juge. Le 31 janvier, la séance se déroule en l’absence de Jean-Claude Duvalier. Convoqué le 7 février, il envoie une lettre à la cour dans laquelle il évoque, comble de l’injure pour les plaignants, des "crimes" commis lors de son départ en 1986 contre ses partisans.
Les avocats des victimes doivent, au fil des audiences, faire face à l’hostilité de la défense qui refuse de les considérer comme partie dans l’affaire.
Ils arrivent enfin à obtenir la reconnaissance de la cour quand elle exige la comparution, en personne de Duvalier, le 14 février 2013. Mais celui-ci ne se montre pas une fois de plus.
Cette goutte d’eau, sans doute, eut le don d’exaspérer les juges. Les magistrats demandent au parquet de décerner un mandat d’amener contre l’ex-dictateur.
En même temps, la cour d’appel disqualifie les avocats de Jean Claude Duvalier qui ont tenté d’écarter la procédure en appel par un pourvoi en cour de cassation, plus haute juridiction haïtienne qui rend des décisions sans appel possible.
Jean Claude Duvalier, héritier de la dictature féroce de son père François en 1971, l’a poursuivie jusqu’à ce qu’il fut contraint à l’exil en 1986.
Il revient, en Haïti, le 18 janvier 2011, mais ne tarde pas à être inculpé pour divers crimes. Une ordonnance, en février 2012, le met hors de cause pour les crimes contre l’humanité, soulevant l’indignation de plusieurs organisations non gouvernementales (Ong) de droits humains.
Les victimes font appel de l’ordonnance… et Duvalier également. Ce dernier conteste la demande du juge d’instruction Carvès Jean de le faire poursuivre pour crimes économiques.
Tout au long du processus, des craintes sont soulevées concernant surtout la volonté ou non de l’administration actuelle de Michel Martelly de voir se dérouler un procès équitable contre l’ancien tyran.
Duvalier qui, dès son retour dans le pays en 2011, a pris ses aises, en violant par exemple l’assignation à résidence du juge d’instruction à plusieurs reprises, continue de le prouver sous Martelly. Comme un poisson dans l’eau, il a réussi à obtenir le renouvellement de son passeport diplomatique qui dorénavant lui donne des ailes.
Désormais, la justice haïtienne se trouve au pied du mur et doit démontrer qu’elle est capable de permettre à cette société de faire face à son passé en combattant l’impunité. [kft gp apr 28/02/2013 13:00]
Crédit photo : Fil Twitter de Rachèle Magloire
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