P-au-P, 25 févr. 2013 [AlterPresse] --- La force de réflexion et d’action pour le logement (Fòs refleksyon ak aksyon sou koze kay/Frakka) assimile l’incendie, à deux reprises, du camp de personnes déplacées Acra 2 de Juvenat (à l’est de la capitale) à « une opération de ratissage du gouvernement pour montrer aux dirigeants de la communauté économique des Caraïbes (Caricom) qu’il n’y aurait plus d’Haïtiennes et d’Haïtiens sous les tentes ».
Le samedi 16 février 2013, des bandits ont assassiné Anel Exius, un jeune déplacé vivant dans ce camp.
Le lendemain, dimanche 17 février 2013, des criminels sont revenus détruire, par le feu, les tentes et les biens d’environ 4 mille personnes déplacées. Le corps d’un enfant de 5 ans aurait été consumé dans l’incendie, selon une note de presse de la Frakka.
Le sommet des chefs d’État et de gouvernement de la Communauté des Caraïbes s’est tenu dans un hôtel situé non loin du camp, les lundi 18 et mardi 19 février 2013.
« Le 21 février 2013, le premier ministre Laurent Lamothe s’est vanté des félicitations des délégations de la Caricom, pour avoir retiré les Haïtiens sous les tentes. Pourtant, il n’a soufflé mot sur l’enfant mort dans l’incendie, ni sur les pertes des 4 mille familles déplacées », regrette Frakka.
Se basant sur les déclarations de Lamothe, Frakka comprend l’incendie du camp comme une stratégie visant à « empêcher les délégations de la Caricom de voir les conditions infra-humaines, dans lesquelles vivent les personnes déplacées du camp Accra 2, à quelques mètres du somptueux hôtel où se déroulait le sommet ».
Aussi, l’organisation demande-t-elle au parquet près le tribunal civil de Port-au-Prince de mettre l’action publique en mouvement contre « les criminels impliqués dans cet incendie ».
En invitant les organisations de défense des droits humains à accompagner les victimes, Frakka exige « la cessation des expulsions forcées » des personnes déplacées sur les terres qu’elles occupent.
« Toutes celles et tous ceux, qui vivent encore sous des tentes, doivent se mobiliser pour freiner cette machine criminelle et forcer le gouvernement à leur octroyer des logements décents, selon le vœu de l’article 22 de la Constitution haïtienne », réitère Frakka.
Depuis le début de l’année 2013, plusieurs camps de personnes sinistrées après le séisme du 12 janvier 2010 ont été détruits par la force, notamment ceux de Fanm Koperativ le 22 janvier 2013 et de la Place Sainte Anne le 12 janvier, date marquant le 3e anniversaire du tremblement de terre.
D’un chiffre de 1,5 million au lendemain du désastre, ces personnes sont autour de 350 mille, selon le dernier bilan des institutions humanitaires.
Elles vivent notamment dans la crainte des éléments naturels et des expulsions forcées. [efd kft rc apr 27/02/2013 14:40]