Correspondance Roland Laguerre
Grand-Goâve, 27 févr. 2013 [AlterPresse] --- La commune de Grand-Goâve (Ouest, à 52 kilomètres du sud de Port-au-Prince) a vécu un week-end émaillé de violences et de perturbations avec un bilan d’un mort et de trois blessés par balles, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
Un jeune homme de 34 ans, du nom d’Olritch Émilien Jean, reconnu comme l’un des opposants farouches des autorités locales, a été tué par balles, le dimanche 24 février 2013.
Son corps a été trouvé face contre terre, criblé de balles (avec pas moins de quatre projectiles dans le dos), dans une localité dénommée « Nan Sab » (dans le sable), dans la première section communale Tête-à- Bœuf, à proximité du sous-commissariat de police et à moins de 20 mètres de la route nationale numéro deux (2).
Le procès-verbal de ce meurtre a été dressé très tard dans l’après midi (vers les 5:00 pm / heure locale = 22:00 gmt) par le juge de paix suppléant de la ville grand-goâvienne, Lormil Gaston.
« On m’a interdit de prendre la parole », lâche Gaston, pour signifier son refus de faire de déclaration officielle sur ce qui a eu lieu.
La situation de tension, qui persiste dans la zone de Grand-Goâve, serait la conséquence directe d’un conflit politique opposant des groupes de la population aux autorités locales, admet-il cependant.
Les blessés, dont Evens Avril, âgé de 19 ans, ont été tous les trois légèrement touchés, au niveau de la main droite et du pied gauche, selon les témoignages de riverains interrogés par AlterPresse.
Tout juste revenant de ses activités personnelles, Marie Marthe Pierre, la sœur ainée du défunt Olritch Émilien Jean (père de quatre enfants), n’a pas pu retenir ses larmes.
Elle pointe du doigt les partisans des autorités municipales qui, selon elle, auraient commis l’assassinat de son frère.
Des accusations, aussitôt rejetées par le président du conseil municipal intérimaire de Grand-Goâve, Pierre Yvon Salam Joseph.
La victime aurait été tuée par ses propres partisans de l’opposition armée, à la suite d’un malentendu, soutient Joseph.
Les samedi 23 et dimanche 24 février 2013, la tension battait son plein à Grand-Goâve.
Sur la route nationale numéro deux (reliant l’Ouest aux trois autres départements, Nippes, Grande - Sud-Ouest -et Sud), des barricades de pneus enflammés ont été érigées, paralysant ainsi la circulation et les activités quotidiennes de la communauté.
Le sous-commissariat de police a été attaqué de manière répétée à coups de pierres et de bouteilles, alors que des tirs nourris n’ont pas cessé de créer la panique, apprend AlterPresse d’une source policière.
Il s’agirait d’un groupe civil armé, qui chercherait à prendre d’assaut le bâtiment du corps policier, selon un responsable de police s’exprimant sous le couvert de l’anonymat.
L’inspecteur divisionnaire du commissariat de police de Grand-Goâve, Rosemond Aristide, a, pour sa part, nié toute implication policière dans les scènes de violences du week-end dernier.
« La police a la ferme volonté de pacifier la zone. Mais, faute de moyens, elle paraît impuissante face à ce contexte difficile », dit-il.
Quelques heures après les incidents du dimanche 24 février 2013, près d’une dizaine de policiers de l’unité départementale pour le maintien de l’ordre de l’Ouest (Udmo) sont venus en renfort à Grand-Goâve.
2 meutres, une dizaine de blessés par balles, plus de dix autobus incendiés : tel est le bilan partiel des violences, qui persistent dans la commune de Grand-Goâve depuis novembre 2012, notamment sur la nationale numéro deux (2). [rl kft rc apr 27/02/2013 11:55]